Notre ami et chroniqueur Xavier Houzel veut croire qu’un monde meilleur est entrain de naitre au Proche Orient.
Les échelles du Levant couvrent les abords maritimes et terrestres de la Méditerranée orientale en allant des monts de Tarse à la Mer Rouge. Elles longent l’ancienne Phénicie sur la route de la soie ; elles sont le berceau des trois religions monothéistes de l’Arbre. Le terme de Levant désigne le côté duquel le Soleil se lève sur l’Occident ; il est utilisé par les historiens et les archéologues pour parler d’événements, de personnes et de cultures qui se rapportent à Israël, au Liban, à la Palestine et à la Syrie (par ordre alphabétique). Cette région fait l’objet depuis trois-quarts de siècle d’un incessant tumulte, mais quand le maître du temps s’avise d’en accorder les harmoniques, ces pays forment un carillon à vent d’un timbre prodigieux. Il paraît que le mois de juin 2021 sera le siège – fait rarissime – d’une telle conjonction.
Premier miracle, en Israël ! Une ancienne étoile de la télévision nationale, Yaïr Lapid, aujourd’hui la star de l’opposition politique, relève un défi que l’on disait improbable, celui de s’allier avec Naftali Bennett, ténor de la droite radicale, pour chasser le premier ministre et despote Benjamin Netanyahou. La chose a été possible à la faveur d’un rapprochement inimaginable hier encore avec le parti des Arabes israéliens. Ils chercheront ensemble une solution à deux États au drame qui, depuis Salomon, obsède les pères de l’État Hébreu et leurs cousins Philistins (id est les Palestiniens chrétiens et musulmans) et ravage la région. Un gouvernement est né de cette conjonction de planètes, nécessairement célestes.
Deuxième miracle, au Liban ! Le pays du Cèdre est sans gouvernement depuis des mois. Plus de la moitié de la population y survit sous le seuil de la pauvreté ; le reste est au-dessus du seuil de la richesse. Les Libanais savent partager ; le gouverneur de la Banque Centrale – hier un modèle du genre encensé par ses pairs – est même accusé de détournement de fonds et de blanchiment d’argent par une militante française des droits de l’homme. Comme le furet du bois mesdames, le Premier ministre désigné pour former le gouvernement est passé par ici et il est repassé par là mais sans jamais dételer. Le président du pays – Ah ! quel malheur d’avoir un gendre – s’en remet à la Syrie voisine, comme jadis ses prédécesseurs chrétiens. Le pays est à plat et il n’a pas d’autre recours qu’un abandon à la volonté divine. Le prodige se réalisera par le découpage de la galette en trois. Un gouvernement naîtra de l’équilibre.
Troisième miracle, en Palestine ! L’Autorité Palestinienne était moribonde ; elle renaît de ses cendres. Le Hamas s’est immolé. Son sacrifice n’aura pas été fait en vain : le Dieu d’Abraham et de Jacob exauce la prière des mortels. Comme Nelson Mandela de sa cellule, Marwan Barghouti se lèvera et avec lui le peuple, celui de l’intérieur et celui de l’extérieur. Un troisième gouvernement naîtra, celui de l’expulsion et de la discrimination par ironie du sort, par la force des choses et par la sentence d’une justice corrective.
Quatrième miracle, en Syrie ! Damas est la plus ancienne métropole du monde. La Syrie est une mosaïque matricielle ; elle contient le germe de la vie spirituelle, morale et religieuse du Levant. Des Souks de la ville appuyés sur la mosquée des Omeyyades monte une rumeur : Bachar Al-Assad a ordonné qu’on chante un Te Deum avec pompe et cérémonie pour rendre grâces à Dieu d’un événement heureux : la Paix des Braves est décrétée, celle d’Hamilcar Barca, celle que De Gaulle avait proposé au FLN mais dont ce dernier n’avait pas voulu, celle que les Arabes, les Philistins et les Juifs du Levant désireux de vivre en Paix proposent à l’Europe.
Le pape François, merveilleux ami d’Israël, l’imam d’Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb, et l’ayatollah Ali Husseini al-Sistani ne sont pas pour rien dans l’écriture de ce conte des mille et une nuits fait pour être accompli dans les jardins suspendus d’un monde à part.
Rendez-vous le 1er juillet au Vatican pour la prière, chacun avec sa croix, son tapis ou sa kippa.