Arezki Daoud Éditeur de The North Africa Journal et Analyste Géopolitique, analyse la dynamique changeante entre l’Algérie et le Maroc, autrefois rivales sur le plan militaire et politique, maintenant engagées dans une compétition économique pour le leadership régional en Afrique du Nord et au Sahel. Cette transition vers une rivalité axée sur les affaires pourrait marquer un tournant dans les relations entre les deux nations voisines.
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Depuis des décennies, l’Algérie et le Maroc se sont disputés le leadership régional en Afrique du Nord et au Sahel, investissant des sommes considérables dans leurs capacités militaires sans résultats tangibles. Malgré des profils socio-économiques similaires, la rivalité entre ces « frères ennemis » persiste, alimentée par des différends territoriaux et des querelles politiques.
Le Sahara occidental : un point de discorde persistant
Au cœur de cette rivalité se trouve la question épineuse du Sahara occidental, revendiqué par le Maroc et soutenu par l’Algérie. Cette impasse territoriale continue de diviser la région et d’alimenter les tensions entre les deux nations.
Cependant, une nouvelle phase de rivalité émerge, axée sur les affaires économiques plutôt que sur les conflits militaires. Avec l’essor des coups d’État au Sahel, le Maroc déploie une stratégie diplomatique visant à réduire l’influence de l’Algérie dans la région, offrant notamment des initiatives de développement économique telles que la construction de ports.
Le Maroc mise sur l’infrastructure portuaire
Le Maroc investit massivement dans des projets d’infrastructure, comme le port de Dakhla, financé par les Émirats arabes unis. Cette initiative vise à renforcer les liens économiques avec les nations sahéliennes, créant ainsi de nouvelles opportunités de commerce et d’influence pour le royaume.
L’Algérie cible une stratégie économique proactive
Face à cette montée en puissance économique du Maroc, l’Algérie réagit en lançant des initiatives de zones franches et de libre-échange avec ses voisins sahéliens. Bien que confrontée à des défis politiques internes, l’Algérie cherche à maintenir son influence régionale par le biais de partenariats économiques.
Défis et incertitudes pour l’avenir
Malgré ces initiatives, des défis persistants entravent la mise en œuvre de projets d’infrastructure majeurs, notamment des questions de sécurité et d’accès routier. De plus, l’incertitude politique en Algérie soulève des questions quant à la capacité du pays à concrétiser ses ambitions économiques à long terme.
Dans un contexte marqué par des rivalités historiques et des tensions politiques, le passage à une concurrence économique entre l’Algérie et le Maroc offre une lueur d’espoir. Plutôt que de gaspiller des ressources dans des conflits stériles, les deux nations pourraient trouver un terrain d’entente dans une rivalité constructive axée sur le développement économique et la prospérité régionale.