Le 28 juillet sur la 5° chaîne, à l’émission « C dans l’air », Abderrahim Hafidi a beaucoup étonné les autres invités venus aider le grand public à comprendre les causes des attentats attribués à Daech. Présenté comme membre de « Vivre l’Islam », ce co-présentateur de l’émission « islamique » produite par cette association a révélé qu’il avait joué un rôle occulte dans la préparation de l’accord franco-marocain sur la formation des « imams français » au…Maroc. L’islamo-politiste à qui est attribué en partie la baisse des contenus religieux de l’émission a expliqué que cette formation au « malékisme » est destinée, à ses yeux, à promouvoir « l’Islam de France »! Surprenant détour!
Mais un autre invité, Odon Vallet, un historien des religions, a surenchéri en révélant le rôle qui fut le sien dans la signature de cet accord qui, après son annonce à Tanger par Laurent Fabius, alors ministre des affaires étarngères, a contrarié et les Algériens et les Turcs. On avait eu des accords comparables à Alger et à Ankara où chacun des partenaires croyait être le partenaire privilégié sur lequel la France comptait pour la formation des imams francophones et adaptés à la laïcité.
L’explication fournie par Odon Vallet est néanmoins plus convaincante que celle avancée par Hafidi. Pour l’historien, l’accord de coopération franco-marocaine sur les imams a été obtenu après la demande française d’un soutien religieux à l’opération Serval au Mali. Ce recours au religieux pour les besoins d’une opération militaire était destiné à combattre l’influence salafiste par des imams marocains formés au droit malékite et recommandant aux fidèles d’obéir au pouvoir en place.
Odon Vallet a fait l’apologie du Maroc, non pas parce que les imams de ce pays conviennent le plus à « l’islam de France », comme le fait croire Hafidi, mais en raison du rôle que peuvent avoir tous cadres, religieux formés au malékisme, dans toute « l’Afrique française » (sic).
Malgré l’objection de l’animateur de « C dans l’Air », Odon Vallet a persité à parler de « l’Afrique française ». Ce qui confirme que les promesses de mettre fin aux pratiques de la « Françafrique » n’engagent que ceux qui les avaient prises au sérieux. Avec en sus un usage par un Etat laïque du religieux à des fins politico-militaires qui vont au-delà des rôles impartis aux aumôniers de l’armée.Quant à Hafidi, il ne fait que confirmer la dépendance de l’émission islamique de France 2 des trois pays du Maghreb. Cette révélation est à ajouter aux informations de précédents articles décrivant les liens étroits des « décideurs » de « Vivre l’Islam » avec feu le système de Ben Ali et les généraux algériens.
La marche à reculons de « l’Islam de France » comporte l’étape essentielle de la Qaraouyine et de ses annexes, où l’enseignement du français pourrait sans doute être améliorée losque seront tenues les promesses d’enrayer le déclin de l’enseignement de l’arabe en France. Au Maroc, comme dans les autres pays du Maghreb, on attend de voir comment sera mis en oeuvre le projet de l’enseignement de la langue arabe, mais « détachée de la culture arabe ».