Dans le grand bazar ministériel provoqué par le remaniement de Hollande et de Valls, Mondafrique préfère sans hésiter les engagements d’Audrey Azoulay au parcours de Jean-Michel Baylet
Il est une chose que les Algériens font à la perfection, c’est de scruter à la loupe les moindres frustrations du coeur fatigué de la politique française. Le remaniement ministériel opéré par François Hollande est le dernier exemple en date de ce sport national en Algérie.
A l’affût de la moindre brèche, du moindre levier qui, dans le sérail parisien, pourraient ouvrir ou fermer leurs accès privilégiés aux dirigeants français, les responsables algériens n’ont pas manqué de crier à la « marocanisation de la vie politique française » après la nomination d’Audrey Azoulay, la fille du célèbre conseiller du Palais marocain, André Azoulay, au poste de ministre de la Culture « Alger en colère après la promotion d’Audrey Azoulay »
Voilà donc un thermomètre effrayant certes, mais réel, qui renseigne sur le niveau de paranoïa politique qui règne à Alger. Sur fonds d’hostilité obsessionnelle entre les deux frères ennemis algérien et marocain.
Joyeux bazar ministériel
Le reste du remaniement n’a finalement suscité que peu d’intérêt dans la capitale algérienne. Rien, ou si peu sur Jean-Marc Ayrault qui, après avoir été premier ministre fait un come back maladroit aux affaires étrangères. Décrit comme un « honnête homme, plus allemand qu’oriental » par un ancien ambassadeur français en Afrique, peut-être fera-t-il finalement mieux que son prédécesseur Laurent Fabius dont beaucoup jugent à Alger qu’il a échoué dans la conduite de sa politique au Moyen-Orient et en Afrique.
Rien non plus sur l’expérience ou la compétence des nouveaux entrants au gouvernement. Audrey Azoulay a un parcours sans faute qui lui permet largement de prétendre à une fonction ministérielle. Enarque, directrice générale délégué du Centre national du cinéma où elle a passé huit ans après avoir occupé des fonctions de magistrate à la Cour des Comptes, la jeune femme âgée de 43 ans est très appréciée dans le monde de la culture et de la politique. On verra cette « techno » engagée refuser les propositions de Dominique de Villepin et des ministres de Nicolas Sarkozy en raison de leur appartenance à la droite.
Cette carrière plus qu’estimable dénote dans la composition de ce nouveau gouvernement qui réunit pêle-mêle les ambitieux d’Europe Ecologie les Verts, les anciens Premiers ministres déchus et, tout un symbole, un Jean Michel Baylet, représentant du parti radical de gauche qui tient tout entier dans une cabine téléphonique.
Surnommé « le veau sous la mère » dans sa région d’origine Midi-Pyrénées où il contrôle le groupe de presse « la Dépêche », ce baron du sud-ouest doit en grande partie sa carrière à son héritage familial. Dans ce joyeux bazar ministériel, nous préférons Audrey à Jean-Michel. Sans hésiter.