Emmanuel Macron, qui mercredi à Paris soulignait la dureté des temps et la fin de « l’insouciance », a retrouvé le moral en Algérie, qui est comme chacun sait une grande démocratie heureuse et prospère où il fait bon vivre.
Ce mercredi en conseil des ministres, Emmanuel Macron avait annoncé à ses compatriotes la fin de « l’abondance » et de « l’insouciance ». Une envolée à la Churchill, ou presque, annonçant au peuple anglais en pleine guerre contre le nazisme « du sang et des larmes ».
« Amitié », « jeunesse » et « avenir »
Or dès le lendemain de cette dramatisation de la situation française et après à peine un peu plus de deux heures de vol vers le sud de la Méditerranée, l’humeur de notre Président « En même temps » a changé du tout au tout. L’heure est désormais à une visite « d’amitié » en Algérie, sous la double bannière de la jeunesse et de l’avenir.
Il faut oser de tels éléments de langage dans un pays ravagé par les incendies et où le moindre opposant est embastillé. Il faut oser alors que la France a renforcé, ces derniers temps, le contrôle de délivrance des visas accordés aux jeunes algériens qui frappent à nos portes. Lesquels, sans papiers et sans avenir, affluent par milliers sur les côtes espagnoles pour tenter de gagner l’Europe au péril de leurs vies, comme le raconte l’enquête publiée déja par Mondafrique en 2020!
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Kamel Daoud, forcément
Cerise sur le gâteau et afin d’insister sans doute sur la légèreté des lendemains qui chantent, Emmanuel Macon fait un détour par Oran durant son escapade algérienne. Cette belle ville de l’Ouest passe pour être la capitale du Raï et de la fête. Les temps sont durs pour les Français? Le pire est à venir en raison de la crise énergétique? Et bien sur l’autre rive de la Méditerranée, le climat est tout autre pour Emmanuel Macron et ses 90 invités.
Le président français sera accueilli à Oran par l’incontournable Kamel Daoud, un ancien sympathisant islamiste-ce dont il ne se vante pas-, plus vraiment algérien et pas jeune du tout. Cette coqueluche du petit monde médiatique parisien est devenu le propagandiste habile du pouvoir algérien entre une chronique dans l’hebdomadaire « le Point » et une exposition à l’Institut du Monde Arabe. C’est en sa compagnie qu’Emmanuel Macron dinera à Oran à la « villa Saint Tropez », un établissement modeste et si typiquement algérien (voir l’image ci dessus), après avoir assisté à une démonstration de « breakdance » et rencontré de jeunes créateurs de start-up
Le Hirak? Connais pas!
Autant d’activités qui représenteraient assurément, selon Emmanuel Macron, l’avenir des jeunes Algériens. L’heure pour des millions d’entre eux est à la mobilisation au sein des manifestations populaires du Hirak, près de trois cent détenus politiques au compteur. Chaque vendredi, la jeunesse algérienne, la vraie, conteste ce pouvoir qu’Emmanuel Macron courtise pour quelques barils de pétrole supplémentaires.
Pour Macron comme pour son si cher président Tebboune, le Hirak reste bien un ramassis de « terroristes », selon les termes de la propagande algérienne. Le Président français, ces trois dernières années, n’a jamais rendu hommage à cette formidable mobilisation populaire. Emmanuel Macron lui préfère ces jeunes algériens insouciants qui aiment la breakdance, créent des start-ups et ne demandent jamais de visas à l’ancienne puissance coloniale.
Seul souci pour Emmanuel Macron, la jeunesse algérienne qu’il fantasme en compagnie « en même temps » du très laïc Kamel Daoud ou du recteur de la Mosquée de Paris devenu un visiteur du soir de l’Élysée, n’existe pas.
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