Le président Macron avait prévu le retrait d’une partie de la force française au Sahel Barkhane avant la présidentielle de 2022 mais le retour en force de l’EIGS et du GSIM dans la zone dite des trois frontières vient contrarier le calendrier de l’Elysée.
« Nos efforts ont également permis de neutraliser des cadres du haut commandement d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), dont son chef l’Emir Abdelmalek Droukdal, le 3 juin 2020, et le vice-émir Yahia Abou el-Hammam, le 21 février ainsi que le chef militaire du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), Bah Ag Moussa, le 10 novembre 2020 ». Face à ces homologues des pays membres du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), réunis en février dernier à N’Djamena pour le 7 ème sommet de leur organisation, le président français a énuméré les succès de la guerre contre les groupes terroristes présents au Sahel. L’Elysée comptait en réalité sur ce changement de rapport de force avec les groupes djihadistes dans la zone des frontières (Burkina Faso, Niger, Mali) et l’arrivée sur place du contingent tchadien pour amorcer le retrait d’une partie des effectifs de Barkhane. Entre janvier et février derniers, le président français a reçu tour à tour à Paris chacun des cinq chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel pour leur donner la primeur du plan de « réajustement » de Barkhane. La présidence française avait ensuite prévu que Macron se rende du 15 au 16 février à N’Djamena au Sommet du G5 Sahel et en profiter pour rendre publique la décision de retirer une partie de soldats de Barkhane du Sahel.
Un retrait renvoyé aux calendes grecques
Le président français ne s’est finalement pas rendu dans la capitale tchadienne, prétextant la situation sanitaire en France. Toutefois, l’Elysée espérait maintenir le calendrier de l’annonce du début de retrait des soldats de Barkhane avec l’arrivée effective du contingent de 1200 militaires tchadiens dans la zone des trois frontières. La France a exercé des pressions diplomatiques amicales mais très fortes sur Déby pour obtenir ce déploiement de l’armée tchadienne dans le fuseau Centre de la force conjointe du G5 Sahel (frontière Niger-Mali-Burkina Faso).
Selon plusieurs sources, Paris aurait même mis la main à la poche pour aider à régler le problème des primes à verser aux soldats tchadiens. Alors que tout semblait aller dans le sens de l’agenda élyséen, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) de Iyad Ag Ghali et l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) Abou Walid Al-Saharaoui sont venus tout remettre en cause. Au moins 200 personnes ont été tuées entre janvier et mars 2021 dans la région de Tillabéri sur la frontière entre le Mali et le Niger. Près de 150 autres civils ont été tués en mars dans la région de Tilia, au Niger, sur la frontière avec le Mali. Outre les civils, les groupes terroristes continuent de viser les forces défense et de sécurité de la région. L’EIGS a revendiqué l’attaque qui a coûté le 15 mars dernier la vie à 33 soldats maliens. L’ampleur de ces attaques tant au Burkina Faso, au Mali qu’au Niger traduit une nouvelle montée en puissance dans de l’EIGS et du GSIM dans la zone des trois frontières. Elle renvoie surtout aux calendres grecques le retrait des forces françaises du Sahel.