A la surprise générale, Emmanuel Macron a rencontré dans un salon de la résidence présidentielle le général Gaïd Salah, chef d’Etat Major et vice ministre de la Défense.
Est une façon de reconnaitre la primauté des sujets sécuritaires dans la refondation de la relation franco-algérienne? Ou une manière de prendre date avec un des principaux poids lourds du paysage politique et militaire algérien? Le président français, Emmanuel Macron, a consacré le plus long entretien de sa brève escapade en Algérie, soit près d’une heure, au chef d’Etat-Major de l’armée algérienne, le général Gaïd Salah, peu connu des décideurs et des médias français. Au point que le magazine « le Point » a pu consacrer sa une et douze pages d’un épais dossier sur l’Algérie d’aujourd’hui sans citer son nom!
La rencontre entre les deux hommes avait été préparée en toute discrétion, voici quelques semaines, par l’envoi à Alger d’une délégation d’une vingtaine d’officiers de la DGSE (services secrets français).
Les sujets qui fâchent
Sans doute pour plus de discrétion, le président français avait proposé que le haut gradé se rende à l’Ambassade de France. Mais Gaïd Salah, qui connait le poids des symboles en Algérie, a préféré rencontrer son interlocuteur à la résidence présidentielle de Zéralda et rendre cette rencontre publique. L’entretien n’a eu lieu qu’après la visite de courtoisie rendue par Emmanuel Macron au chef d’état algérien, Abdelaziz Bouteflika, totalement diminué et privé quasiment de parole.
Emmanuel Macron et Gaïd Salah se sont entretenus essentiellement des menaces sécuritaires qui pèsent sur le Sahel. La discussion, naturellement courtoise, a été franche. L’Algérie en effet, première puissance militaire de la région, préfère rester à l’extérieur de la force dite du G5, qui regroupe le Niger, le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Burkina. Cette position entrave les efforts français et européens pour faire de cette force d’interposition, très mal formée à cette guerre d’un genre nouveau, un réel rempart contre les groupes terroristes.
Pour le chef d’Etat Major, les priorités sont ailleurs. Les militaires algériens ont insisté auprès de leurs interlocuteurs français sur le renforcement des groupes armés djihadistes qui sont soutenus de plus en plus souvent par narco trafiquants.
Pour Alger, le phénomène serait toléré, voire encouragé, par le pouvoir marocain. Autant d’accusations graves qui évidemment mettent Paris, au mieux avec Rabat, très mal à l’aise.
Des visas plus rares
Pour le reste, Emmanuel Macron a annoncé à ses interlocuteurs algériens que son gouvernement allait s’engager dans un contrôle plus étroit de la politique de visas. Sous couvert de « simplification », ils pourraient ne plus être accordés à l’avenir pour une durée de cinq ans, comme c’est le cas aujourd’hui notamment pour des hommes d’affaires qui se rendent souvent à Paris.
Autant dire que cette décision qui affecte les cercles dirigeants algériens n’a pas été accueilli avec faveur par les interlocuteurs algériens du président français.
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