Niger: L’ex-président Bazoum détenu arbitrairement depuis 2 ans

Mohamed et Hadiza Bazoum en déplacement dans la région de Tahoua le 23 juillet 2023


Les autorités devraient immédiatement libérer Mohamed Bazoum et son épouse

(Nairobi, 23 juillet 2025) – Les autorités 
nigériennes devraient immédiatement libérer l’ancien président Mohamed Bazoum, qui est toujours détenu arbitrairement, deux ans après avoir été renversé lors d’un coup d’État militaire, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le 26 juillet 2023, des officiers de l’armée nigérienne du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) autoproclamé, dirigé par le général de brigade Abdourahamane Tiani, ont 
renversé le gouvernement de Mohamed Bazoum et l’ont arrêté, ainsi que son épouse, Hadiza Bazoum. Le couple est toujours détenu au palais présidentiel à Niamey, la capitale du pays, sans accès aux membres de leur famille ni à des avocats. Mohamed Bazoum doit également faire face à un procès imminent après que la junte a levé son immunité présidentielle en 2024.

« La junte militaire du Niger affiche son mépris pour l’État de droit chaque jour qu’elle maintient l’ancien président Mohamed Bazoum et son épouse en détention », a déclaré 
Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Sa détention et les poursuites contre lui, motivées par des considérations politiques, discréditent toute prétention de la junte à un Niger plus démocratique. »

En août 2023, la junte a 
annoncé son intention de poursuivre Mohamed Bazoum pour « haute trahison » et « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger », mais ne l’a toujours pas présenté à un juge pour des audiences préliminaires.

En septembre, Mohamed Bazoum a 
déposé une requête auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), invoquant des violations des droits humains à son encontre et à l’encontre de sa famille au cours de sa détention. En décembre, la Cour de justice de la CEDEAO a statué que Mohamed Bazoum était détenu arbitrairement et a exigé sa libération. En janvier 2025, le Niger, le Mali et le Burkina Faso se sont officiellement retirés de la CEDEAO.

En avril 2024, les autorités ont 
engagé une procédure judiciaire contre Mohamed Bazoum afin de lever son immunité présidentielle et de pouvoir le poursuivre pour des crimes qu’il aurait commis lors de sa présidence. En juin, la Cour d’État du Niger s’est prononcée contre lui à l’issue d’une procédure qui n’a pas respecté les normes internationales de procédure régulière et d’un procès équitable. L’immunité de Mohamed Bazoum ayant été levée, la junte a annoncé son intention de le poursuivre pour haute trahison. La date du procès n’a pas été fixée.

En février 2025, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, un organe d’experts indépendant qui enquête sur les cas de privation de liberté, a 
estimé que la détention de Mohamed Bazoum et de son épouse était arbitraire et constituait une violation du droit international relatif aux droits humains, et a demandé leur libération immédiate.

« Mohamed Bazoum est enfermé de manière cruelle et illégale depuis deux ans, sans inculpation ni procès, sans pouvoir parler à ses enfants, à ses soutiens, ni même à ses avocats », a déclaré Reed Brody, qui appartient au collectif des avocats qui défendent Mohamed Bazoum. « Malgré les décisions claires de tribunaux internationaux et d’organes de l’ONU exigeant sa libération, Mohamed Bazoum reste l’otage d’une junte militaire. »

Les abus contre Mohamed Bazoum reflètent les pratiques d’une junte militaire qui a réprimé l’
opposition politique, la dissidence pacifique et les médias, et qui semble avoir l’intention de consolider son pouvoir, y compris en retardant la transition vers un régime civil ainsi que la tenue d’élections crédibles, libres et équitables, a déclaré Human Rights Watch.

« Chaque jour que Mohamed Bazoum passe en détention écarte un peu plus le Niger de la voie vers la démocratie », a conclu Ilaria Allegrozzi. « Les autorités nigériennes devraient réévaluer le genre de message que le maintien de Mohamed Bazoum en détention depuis deux ans envoie dans la région et dans le monde. »

Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Niger, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/afrique/niger

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)