Le vendredi 7 aout dans l’après midi, douze personnes ont été tuées dans une attaque contre un hôtel où séjournent des Occidentaux à Sévaré (centre du Mali). Les groupes terroristes se sont remobilisés au nord du Mali ces derniers mois
Depuis la fin officielle de l’opération Serval en Juillet 2014 et le retrait des troupes françaises, les groupes djihadistes se sont paradoxalement renforcés au nord du pays. On le dit peu à Paris où Hollande et Fabius se disent convaincus d’avoir guagné la guerre au Mali. Sur le terrain au Nord mali, la réalité est tout autre. Des camps d’entrainement se reforment notamment dans le massif de Tigharghar devenu une zone de stationnement des groupes armés entre les villes de Kidal et de Tessalit. Cette remobilisation s’accompagne d’une recrudescence des opérations commando.
L’attaque d’un hotel, ce 7 aout, est un moyen de plus pour les djihadistes d’AQMI (s’il se confirme que ce sont eux à la manoeuvre) de réaffirmer leur présence dans la zone sahélienne au moment où l’Etat islamique joue la concurrence sur la scène internationale. En juillet, 2014, Aqmi a publiquement rejeté l’annonce par l’EI de la création d’un califat. Le groupe a renouvelé son allégeance au chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, en conflit ouvert avec le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi. Et pourtant dans un communiqué rendu public en septembre 2014, Aqmi déclarait soutenir l’Etat islamique » sans pour autant lui prêter allégeance.
Au Quai d’Orsay, on considère aujourd’hui que le retour en force d’Aqmi dans la zone s’appuie principalement sur deux grandes figures : Iyad ag Ghali et Abdelkrim al-Targui (le Touareg) de son vrai nom Hamada ag-Hama. Le premier est un ancien rebelle touareg converti au salafisme. A la tête du groupe radical Ansar-Dine, il a contrôlé pendant près de dix mois le nord du Mali avec ses alliés d’Aqmi et du Mujao avant le déclenchement de l’opération Serval. Selon le ministère des affaires étrangères, il se trouverait aujourd’hui dans le sud algérien où il bénéficie de protections. Le deuxième, Abdelkrim al-Targui, le neveu d’Iyad Ag Ghali, dirige la katiba d’Aqmi, « Al-Ansar ». Il sert notamment de courroie de transmission et d’intermédiaire entre Aqmi et son oncle. Les groupes contrôlés par ces deux hommes s’alimentent aujourd’hui en armes et en effectifs depuis le sud libyen devenu un véritable repère de djihadistes.
Un processus politique au point mort
Le retour en force des terroristes intervient alors que les accords d’Alger entre les groupes rebelles du nord et les autorités de Bamako tardent à faire émerger une solution politique. Les rivalités entre les différents mouvements qui participent aux négociations ralentissent considérablement le processus. Du côté de la diplomatie française, on estime que le président malien Ibrahim Boubacar Keïta joue le jeu des négociations même s’il est affaibli en interne notamment par d’importants scandales financiers. Par ailleurs, la présence de personnalités proches des djihadistes dans les instances de pouvoir constitue une difficulté supplémentaire et brouille le jeu diplomatique malien. A Bamako, de nombreux observateurs critiquent notamment la présence d’Ahmada Ag Bibi sur les bancs de l’Assemblée nationale. Ce touareg issu de la tribu des Ifoghas est très proche d’Iyad Ag Ghali et s’est fait élire en 2013 sous la bannière du RPM, le parti d’IBK.
Reste que la solution politique au problème nord malien demeure inéxorablement entre les mains du grand voisin algérien qui considère cette zone comme son aire d’influence privilégiée. La mainmise d’Alger sur le dossier nord malien pourrait, à terme, poser problème pour Paris qui souhaite intervenir dans le sud libyen. En effet le puissant DRS (services de renseignement) algérien demeure résolument opposé à toute intervention dans ce pays.