Plus que les drones turcs, ce sont les armements israéliens qui ont permis aux Azéris de remporter une victoire foudroyante contre les milices arméniennes du Haut Karabagh. Une enquête du journal israélien Haaretz a révélé qu’Israel exporte par avion des centaines de tonnes d’armes et d’explosifs vers l’Azebaidjan en échange de pétrole.
Contrairement à la présentation erronée qui est souvent faite par les médias en France, l’Azerbaïdjan n’est pas cette terre infestée de méchants islamistes qui s’en prendrait aux gentils chrétiens qui vivent en Arménie. La réalité est plus complexes et les alliances dans cette partie du monde tout autres. Les Azéris ont noué depuis fort longtemps des liens privilégiés avec les Israéliens, tandis que les Arméniens entretiennent de fort bonnes relation avec les Iraniens.
Le fait que l’Azerbaïdjan et Israel voient l’Iran comme une menace directe explique pour beaucoup cette proximité. L’Iran possède en effet une forte minorité azérie qui entretien des liens ancestraux et communautaires avec les populations vivant plus au nord de l’autre coté de la frontière. Le pouvoir iranien a toujours craint que l’Azerbaïdjan devienne la base arrière d’une partie de l’opposition. D’où l’appui que Téhéran apporte aux Arméniens, les ennemis historiques des Azéris.
Des avions azéris à Ovda
Le scénario est toujours le même. Un avion-cargo Ilyushin-76 azerbaïdjanais atterrit sur la base aérienne israélienne d’Ovda, au nord d’Eilat (port israélien sur la Mer Rouge). En deux heures, l’appareil est chargé. Puis les deux pilotes remontent dans le cockpit et l’avion redécolle regagnant son terrain d’origine à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan.
Une enquête menée par Haaretz, journal progressiste israélien, basée sur des données aéronautiques accessibles au public, révèle qu’au cours des sept dernières années, 92 vols de fret effectués par la compagnie azérie « Silk Way Airlines » ont atterri à Ovda, le seul aérodrome d’Israël par lequel des explosifs peuvent être transportés par avion. du pays.
Silk Way est l’une des plus grandes compagnies aériennes de fret en Asie et exploite trois vols hebdomadaires entre Bakou et l’aéroport international Ben Gourion avec des cargos Boeing 747. En 2022, Silk Way était le troisième affréteur étranger à Ben Gourion (aéroport principal d’Israel).
Mais Silk Way est aussi l’une des rares compagnies aériennes à atterrir à Ovda. Les quelques compagnies d’Europe de l’Est qui utilisent aussi Ovda le font parce qu’il s’agit du seul aéroport à partir duquel il est autorisé d’importer et d’exporter des explosifs.
Armes contre pétrole
Israël a une alliance stratégique discrète avec l’Azerbaïdjan. Depuis vingt ans, Israël vend des armes à cette république chiite, laquelle en retour, fournit à Israël du pétrole et un poste d’observation sur l’Iran. sraël importe la moitié de son pétrole d’Azerbaïdjan et, depuis 2016, à en croire l Institut international pour la paix de Stockholm , Israël fournit près de 70 % des armes de l’Azerbaïdjan.
La rumeur veut que le Mossad, le service de renseignement extérieur d’Israel, ait des bureaux en Azerbaïdjan pour surveiller l’Iran. La meme rumeur affirme qu’un aérodrome existe en Azerbaïdjan pour aider Israël au cas où il déciderait d’attaquer les sites nucléaires iraniens.
IL y a deux ans, des articles de presse ont affirmé que les agents du Mossad qui ont volé les archives nucléaires iraniennes à Téhéran, les ont exfiltrées d’abord en Azerbaïdjan, avant de les charger dans un avion et de le ramener en Israel.
En échange de pétrole et de services politiques, Israël a vendu à l’Azerbaïdjan des systèmes d’armes avancés, notamment des missiles balistiques, des systèmes de défense aérienne et de guerre électronique, des drones kamikazes, etc.
Ces avions Silk Way (et d’autres) ont atterri à Ovda près de 100 fois depuis la délivrance du permis d’atterrir initial. A chaque fois que les vols vers Bakou se sont intensifiés, – au milieu de 2016, à la fin de 2020 et à la fin de 2021 – c’est en raison de périodes de combats au Haut-Karabakh. L’Azerbaïdjan et l’Arménie se disputent cette zone depuis le début du XXe siècle.
Des relations anciennes
Le Haut-Karabakh est une zone de tension entre la population arménienne chrétienne et les Azéris chiites. En 1988, le parlement du Haut-Karabakh a organisé un référendum sur la sortie du territoire hors de l’Azerbaïdjan en vue d’une unification avec l’Arménie. Des violences ont éclaté à ce moment là.
En 1989, quand l’Union soviétique s’est effondrée, le conflit s’est transformé en une guerre ouverte et sanglante, qui s’est terminée en 1994 par une nette victoire de l’Arménie, qui a pris le contrôle de vastes zones entourant le Haut Karabach, obligeant des milliers d’Azéris à fuit leu terre natale..
Le dur conflit a laissé les deux parties sous le coup de sanctions et de sévères restrictions à l’exportation en Europe et aux États-Unis. Ces sanctions ont fourni une opportunité commerciale et stratégique pour Israël. L’Azerbaïdjan a déclaré son indépendance en octobre 1991 et Israël – qui a été l’un des premiers pays à reconnaître la nouvelle nation – a ouvert une ambassade à Bakou en 1993.« Les relations de l’Azerbaïdjan avec Israël sont discrètes mais étroites », a reconnu Rob Garverick, chef du département politique et économique de l’ambassade des États-Unis à Bakou, dans un télégramme de 2009 publié dans le cadre des documents qui ont fuité sur Wikileaks. « Chaque pays s’identifie facilement aux difficultés géopolitiques de l’autre et tous deux classent l’Iran comme une menace existentielle ».
Une alliance décisive
Le président azerbaïdjanais Aliyev compare sa relation avec Israël à un iceberg, dont les neuf dixièmes se trouvent sous la surface.I C’est que les armes israéliennes (voir l’encadré ci dessous) ont joué un rôle décisif contre l’Arménie en avril 2016, et surtout lors de la seconde guerre du Haut-Karabakh en 2020, ainsi que dans les combats de 2022.
En 2016, lors de la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Bakou, Aliyev a révélé que des contrats avaient déjà été signés entre les deux pays pour l’achat de quelque 5 milliards de dollars d’ «équipements défensifs ».
En octobre 2022, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s’est rendu en Azerbaïdjan et a rencontré Aliyev. Dans un communiqué officiel, Gantz a déclaré que sa visite concernait les questions de sécurité et de politique et l’approfondissement de la coopération entre les deux pays.
Peu de temps après, l’Azerbaïdjan a officiellement annoncé qu’il ouvrirait une ambassade en Israël pour la première fois, en qualifiant l’initiative d' »historique ».
ENCADRÉ, DES VENTES D’ARMES MASSIVES
Israël a exporté une très large gamme d’armes vers l’Azerbaïdjan, à commencer par les fusils d’assaut Tavor jusqu’aux radars les plus sophistiquéS, en passant par les missiles antichars et une large gamme de drones, à la fois à des fins de renseignement et d’attaque.
Les entreprises israéliennes ont également fourni des technologies d’espionnage avancées, telles que les systèmes de surveillance des communications de Verint et le logiciel espion Pegasus du groupe NSO – des outils qui ont également été utilisés contre les journalistes, les militants LGBT et les militants des droits de l’homme en Azerbaïdjan.
L’Institut international pour la paix de Stockholm indique que les exportations de défense d’Israël vers l’Azerbaïdjan ont commencé en 2005 avec la vente de lance-roquettes multiples Lynx par Israel Military Industries (IMI Systems), qui ont une portée de 150 kilomètres (92 miles).
En 2007, l’Azerbaïdjan a signé un contrat pour l’achat de quatre drones de collecte de renseignements auprès d’Aeronautics Defence Systems. C’était le premier accord. En 2008, il a acheté 10 drones Hermes 450 d’Elbit Systems et 100 missiles antichar Spike produits par Rafael Advanced Defense Systems et en 2010, il a acheté 10 autres drones de collecte de renseignements.
Soltam Systems, propriété d’Elbit, a vendu des canons automoteurs ATMOS et des mortiers Cardom de 120 millimètres, et en 2017 l’arsenal de l’Azerbaïdjan a été complété par les mortiers Hanit plus avancés. Selon le télégramme divulgué dans Wikileaks, une vente d’équipements de communication avancés de Tadiran a également été signée en 2008.
Israël et l’Azerbaïdjan ont signé en 2011 un énorme contrat de 1,6 milliard de dollars qui comprenait une batterie de missiles Barak pour intercepter des avions et des missiles, ainsi que des drones Searcher et Heron d’Israel Aerospace Industries (IAI).
Un projet de modernisation des chars de l’armée azerbaïdjanaise a débuté au début des années 2010. Elbit Systems a amélioré et équipé les anciens modèles soviétiques de T-72 avec de nouveaux équipements de protection pour améliorer la capacité de survie des chars et de leurs équipages, ainsi que des systèmes d’acquisition de cibles et de contrôle de tir rapides et précis.
https://mondafrique.com/lambassadeur-dazerbaidjan-une-france-impartiale-est-la-bienvenue-chez-nous/