Les télégrammes africains de la semaine à ne pas rater (11/04)

Comme chaque fin de semaine, voici, en résumé des infos africaines qui sont passées entre les mailles de l’actualité et qui n’ont pas échappé à la sagacité du chroniqueur de Mondafrique

carte-afriqueValls « fier d’être l’ami du Maroc »

Depuis presque an, le Maroc avait suspendu sa coopération judiciaire avec la France. Motif de cette fâcherie, le dépôt de plaintes à Paris pour « torture » contre le chef du contre-espionnage marocain, Abdelattif Hammouchi. Cette brouille diplomatique a pris fin avec la visite à Rabat de Manuel Valls. Le Premier ministre français a été reçu par Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement marocain avant d’avoir un entretien dans la soirée avec le roi Mohamed VI. Commentaire de Valls à l’issue de cette journée: « La France est fière d’être l’amie du Maroc, cette amitié a de beaux jours devant elle, nous sommes décidés plus que jamais à la faire prospérer ».

Concrètement, la « coopération sécuritaire » face à la menace jihadiste va reprendre son cours entre les deux pays. Une nouvelle convention judiciaire,qui doit encore être examinée au Parlement français a d’ailleurs été signée le 31 janvier. Un séminaire intergouvernemental franco-marocain le 28 mai à Paris, et le ministre des Finances Michel Sapin est à Rabat ce dimanche. Enfin, Valls a exprimé au roi « son intérêt » pour un institut de formation des imams récemment inauguré à Rabat. Cet institut, qui vise à promouvoir un islam « tolérant » selon ses concepteurs, accueille d’ores et déjà plusieurs centaines d’étudiants marocains et étrangers, dont 23 Français.

Les liens entre les deux pays sont étroits. Plus de 1,3 million de Marocains vivent en France et quelque 60.000 à 80.000 Français au Maroc. Paris est le premier partenaire commercial de Rabat.

Afrique du Sud: les Zoulous chassent un millier d’immigrés

Tout a commencé par un discours du roi des Zoulous Goodwill Zwelithini, la plus haute autorité traditionnelle du KwaZulu-Natal, la province de Durban, qui a appelé les étrangers à « faire leurs bagages et quitter » l’Afrique du Sud. Le propre fils du président Jacob Zuma, Edward, lui a donné raison quelques jours plus tard. Résultat, depuis le 8 avril, les étrangers africains vivant à Durban sont l’objet d’attaques. Un millier d’entre eux ont trouvé refuge sous des tentes ou dans des postes de police. Les forces de l’ordre ont dispersé avec des canons à eau une manifesttion de protestation.
Une première poussée de violence avait mis à la rue quelque 250 immigrés, pour la plupart venus de République démocratique du Congo, le 31 mars au sud de Durban. Les exactions contre les étrangers sont courantes en Afrique du Sud. Une explosion de violences avait fait 62 morts en 2008. Depuis, des incidents sporadiques n’ont jamais cessé dans les townships, visant surtout des Bangladais, des Somaliens et des Ethiopiens, dont les magasins sont régulièrement pillés.

Afrique du Sud: la statue d’un colon déboulonnée

Une statue du colonisateur britannique Cecil Rhodes a été retirée jeudi de l’Université du Cap à la suite d’une campagne d’étudiants sur le sort des monuments honorant les anciens maîtres blancs de l’Afrique du Sud. La statue avait été maculée d’excréments puis recouverte de sacs poubelles, le mois dernier.

La terreur Boko Haram dessinée par des enfants

Visages ensanglantés, corps sans tête, maisons brûlées: au camp de réfugiés de Dar-es-Salam, près du lac Tchad, quand les enfants rescapés de Boko Haram dessinent les atrocités qu’ils ont vécues au Nigeria, le résultat est saisissant, rapporte Celia Lebur, journaliste à l’AFP. Devant la grande tente blanche de l’Unicef, c’est la cohue. Des dizaines de garçons en haillons poussiéreux se poussent des coudes, s’esclaffent, avant de se faire rappeler à l’ordre par les animateurs. Tous veulent participer à l’atelier de dessin organisé à l’espace « Amis des enfants » en ce lundi de Pâques, férié au Tchad.
Mais une fois devant la grande feuille de papier blanc, un feutre à la main, le silence s’installe.  Soumaïla Ahmid dit avoir 15 ans, mais on lui en donnerait à peine 12.

« Le jour de l’attaque, on était devant notre porte quand on a vu les Boko Haram. Ils sont allés vers les gens qui se trouvaient au bord de l’eau et les ont fusillés, ils tiraient dans la tête », raconte le garçon aux yeux en amande. A quatre pattes, il dessine avec application une forme gondolée et des cadavres flottant dans une rivière: « Il y a ceux ont pu monter dans les pirogues, ils sont en train de fuir. Les autres sont morts », dit-il sans sourciller.

Soudan: « Vous êtes libres, rentrez chez vous »

Deux opposants soudanais connus, arrêtés en décembre après avoir signé un accord unifiant les rangs de l’opposition contre le régime, ont été libérés jeudi,sans explications. « Vous êtes libres, rentrez chez vous », leur a t-on simplement dit. Il est vrai que des élections générales doivent se dérouler dans une semaine.

Yemen: le ministère de la Défense bombardé

Le ministère de la Défense a été touché jeudi par une frappe aérienne dans la capitale yéménite Sanaa. Ce raid a été lancé au 15e jour d’une campagne militaire menée par l’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition pour chasser les rebelles chiites Houthis qui contrôlent la capitale et d’autres régions du Yémen.

Egypte: 11 civils victimes de EI

Onze civils égyptiens, dont dix femmes et enfants, ont été tués mercredi soir par des obus de mortier tombés sur leurs maisons dans le nord du Sinaï, où l’armée combat une branche locale du groupe Etat islamique (EI), a annoncé la police.

Kerry félicite les Algériens

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a salué mercredi aux cotés de son homologue algérien Ramtane Lamamra le rôle d’Alger en matière de sécurité régionale et notamment ses efforts de paix pour les conflits au Mali et en Libye. « Notre coopération politique reste absolument cruciale, surtout face à l’instabilité croissante dans la région », a plaidé John Kerry, félicitant son hôte pour ses « efforts de médiation en vue d’un accord de paix au Mali ».
L’accord d’Alger du 1er mars vise à créer les conditions d’une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touareg de ce pays frontalier de l’Algérie, depuis les premières années d’indépendance dans les années 1960.

Moins de 12 minutes pour détecter Ebola

Selon une équipe de chercheurs japonais de l’université de Nagasaki et du groupe Toshiba, qui a expérimenté son test sur une centaine de patients en Guinée, c’est le temps qui lui est nécessaire pour détecter le virus Ebola. Des tests rapides sont actuellement en cours de développement dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis et en France où le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a conçu un outil de diagnostic efficace en moins de 15 minutes.
Transmis par contact avec les fluides corporels infectés, Ebola a fait des ravages depuis plus d’un an en Afrique de l’Ouest. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà recensé 10.500 morts sur 25.000 cas détectés, essentiellement au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone.

Des Boko Haram en déroute sur les îles du lac Tchad

Attaques de villageois, vols de bétail ou de récoltes: de nombreux islamistes de Boko Haram, chassés de leurs fiefs nigérians par l’intervention d’une coalition régionale, se réfugient sur les îles du lac Tchad où ils sèment la terreur. Le lac Tchad, dont la superficie diminue chaque année (elle a été divisée par dix en cinquante ans) est bordé par le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, où des milices pro Boko Haram commencent à se constituer.
Mugabe accuse les Occidentaux de « déchirer le monde arabe »

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, reçu par son homologue sud-africain Jacob Zuma pour une visite d’Etat, sa première en 21 ans, a dénoncé l’attitude des Occidentaux, avec la colonisation et aujourd’hui avec leur intervention dans le monde arabe. »Regardez ce qu’ils ont fait en Libye », a t-il lancé en critiquant la « domination des cinq » membres permanents du Conseil de sécurité, mais plus particulièrement celle des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France « Nous voulons la paix, et la paix cela ne signifie pas la part du lion pour vous et la part du babouin pour les autres », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec le président Zuma.

Centrafrique: accord « de cessez-le-feu » signé à Nairobi

La présidence kényane, engagée depuis des mois dans une laborieuse médiation entre représentants centrafricains des ex-rebelles de la Séléka et de la milice anti-balaka, a annoncé mercredi la signature d’un accord entre les deux parties.L’accord a été signé dans la capitale kényane Nairobi par Joachim Kokate pour les anti-balaka, et l’ancien président centrafricain Michel Djotodia pour les ex-Séléka.

Maroc: Et maintenant un juge espagnol

Après le dépôt de plaintes à Paris pour « torture » contre son chef du contre-espionnage, qui a motivé la brouille, aujourd’hui oubliée entre Rabat et Paris,  onze hauts fonctionnaires et militaires marocains risquent un procès en Espagne pour « génocide » au Sahara occidental, après l’enquête d’un juge espagnol qui a dénoncé jeudi des « attaques systématiques » contre les civils entre 1975 et 1991. Le Sahara occidental est un sujet sensible entre Madrid et Rabah depuis l’annexion par le Maroc en 1975 de cette ancienne colonie espagnole et le conflit armé de 16 ans qui a suivi entre les forces marocaines et le Front polisario, réclamant le droit à l’autodétermination.

Soudan: Béchir s’en prend à l’ONU 

Le président soudanais Omar el-Béchir, toujours sous le coup de pousuites engagées depuis bientôt dix ans  par la Cour Pénale Internationale pour crimes au Darfour, s’en est pris mercredi aux Nations unies et à l’Union africaine au cours d’un meeting électoral organisé à El-Facher au Darfour. Il a estimé que le Soudan n’avait pas besoin de la Mission de l’ONU-UA au Darfour (Minuad) pour régler les conflits dans cette région de l’ouest du pays où des rebelles combattent le gouvernement depuis 2003.

Burkina : les pro-Compaoré interdits aux élections

La tension monte entre le nouveau régime burkinabè et les partisans de Blaise Compaoré, l’ancien président, qui n’a pas renoncé à revenir au pouvoir, via Djibrill Bassolé, son éternel exécuteur des basses oeuvres, et organise la reconquête à partir de la villa abidjanaise, avec piscine et salle de sport, que lui a prêté son ami Alassane Ouattara. Une demi-douzaine de proches du « Beau Blaise », dont trois anciens ministres, ont été arrêtés en début de semaine tandis que les  députés adoptaient mardi un nouveau code électoral interdisant aux partisans du président déchu de participer aux scrutins d’octobre. Des élections présidentielle et législatives se tiendront le 11 octobre au Burkina Faso. Elles mettront un terme, une fois leurs résultats proclamés, à une année de « transition démocratique », après 27 années de règne de Blaise Compaoré. La grève générale lancée mercredi par les syndicats burkinabè et des associations de la société civile pour protester « contre la vie chère » a été faiblement suivie à Ouagadougou, où la plupart des entreprises et services publics sont restés ouverts.

Egypte: près de 400 islamistes jugés

Un nouveau groupe de près de 400 partisans de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi seront jugés en Egypte pour des violences meurtrières, dont la mort de deux policiers en août 2013. Dans un communiqué, le parquet. a indiqué que ces 379 membres de la confrérie des Frères musulmans de Morsi, classée organisation « terroriste », sont accusés d’avoir pris part à un sit-in « armé » sur la place Al-Nahda au Caire et d’avoir participé à des « défilés armés » durant lesquels ils ont « attaqué des civils et fait des victimes parmi les citoyens et la police ».

Paris: Ouattara veut éloigner la marche des pro-Gbagbo

Le nouveau pouvoir ivoirien a tenté d’éloigner de l’ambassade de Côte d’Ivoire le départ de la marche des pro-Gbagbo qui aura lieu ce samedi à 13 heures place Victor Hugo à Paris. Les organisateurs ont fait valoir à la préfecture de police que si l’ambassade était un territoire ivoirien, la place Victor Hugo était un territoire français et qu’il avait le droit d’y manifester. Ils ont obtenu gain de cause. La présence d’une délégation du Front de Gauche est attendue. Roland Dumas, l’ancien ministre de Mitterrand, qui ne pourra pas participer à la marche en raison de son grand âge, a fait enregistrer un message vidéo qui sera diffusé aux manifestants.

Génocide du Rwanda: une déclassification insuffisante pour Kigali

Après l’annonce par Paris d’une déclassification des archives de la présidence française sur le Rwanda de 1990 à 1995, Kigali a salué « un pas en avant » mais réclame une déclassification totale incluant aussi les archives des ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de la Coopération. Le rôle controversé de la France avant, pendant et après le génocide, empoisonne depuis des années les relations entre les deux pays.

Côte d’Ivoire: encore une arrestation d’une militante pro-Gbagbo

Le régime d’Alassane Ouattara n’en finit plus de pourchasser les pro-Gbagbo. Marie-Odette Lorougno, la très influente responsable des femmes du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, a été arrêtée vendredi dernier avec cinq autres militants alors qu’ils protestaient devant le siège du quotidien « Notre voie », un organe du FPI favorable au président du parti, Pascal Affi N’Guessan. La justice venait d’invalider la suspension de N’Guessan de la présidence du FPI, décidée en mars par un comité central extraordinaire alors qu’il comparaissait aux côtés de Mme Gbagbo et de 77 co-accusés devant la cour d’assises d’Abidjan pour atteinte à la sûreté de l’Etat durant la crise postélectorale de 2010-2011. Simone Gbagbo avait  été condamnée à 20 ans ferme d’emprisonnement, quand 14 mois avec sursis avaient été prononcés contre Pascal Affi N’Guessan, accusé par ses adversaires de collusion avec le pouvoir. La justice ivoirienne, qui n’a pas besoin de preuve pour condamner, selon de récentes déclarations de son garde des Sceaux, intervient régulièrement dans les affaires internes des partis d’opposition qui s’opposent radicalement au pouvoir en place.

Gabon: « sabotage » d’internet

Le Gabon a été privé d’internet pendant trois jours à la suite du « sabotage » vendredi matin d’un câble de fibre optique à Libreville, selon Gabon Telecom, le principal opérateur du pays, dont les activités sont en outre perturbées par une grève. « Nous avons été victime d’un sabotage. Un câble de fibre optique a été saboté », ont expliqué à la presse des techniciens de l’entreprise qui s’affairaient pendant le week-end à réparer les installations dans le centre de la capitale. La situation est progressivement revenue à la normale lundi dans la journée.

Algérie: un ministre français pour le 70e anniversaire du massacre de Sétif

Le secrétaire d’Etat français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, souhaite se rendre à Sétif en Algérie pour le 70e anniversaire du massacre de milliers d’Algériens sous la colonisation française. Il prévoit d’effectuer un « voyage mémoriel » du 19 au 21 avril à Sétif (nord-est) puis Mers El-Kébir et Alger. Le massacre de Sétif reste l’une des pages les plus noires de l’Algérie française. Le 8 mai 1945, alors que la France célébrait la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, les festivités tournèrent au drame à Sétif, Guelma et Kheratta, dans l’est de l’Algérie, où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main.La répression des manifestations, considérées comme les prémices de la guerre d’indépendance, fit plusieurs milliers de morts parmi les Algériens – jusqu’à 45.000 selon la mémoire collective algérienne – victimes de la police, de l’armée ou de milices de colons. Une centaine d’Européens, pris à partie par des nationalistes algériens, furent également tués.

Egypte: le chef du groupe jihadiste abattu

Les forces de sécurité égyptiennes ont abattu le chef du groupe jihadiste Ajnad Misr qui a revendiqué plusieurs attaques meurtrières contre des policiers, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

Niger: Pâques après les émeutes contre les chrétiens

Des milliers de fidèles nigériens ont fêté Pâques à Niamey sous le signe du « pardon », après les émeutes anti-chrétiens de janvier qui ont fait dix morts et ont détruit presque toutes leurs églises. »Nous sommes toujours sous le choc. Un pardon est donné, mais les évènements restent dans les coeurs », a déclaré le curé d’une paroisse de Niamey.

1.500 immigrés secourus samedi en mer

Quelque 1.500 immigrés partis de Libye ont été secourus en Méditerranée dans cinq opérations de secours différentes au cours de la seule journée de samedi dernier. .Quatre bâtiments des garde-côtes et un autre de la Marine militaire sont intervenus après plusieurs appels émanant de téléphones satellitaires .La situation chaotique sur le territoire libyen a provoqué ces derniers mois une multiplication des départs d’immigrés, pour la plupart d’Afrique sud-saharienne, à partir des côtes libyennes, vers l’Italie.