Emmanuel Macron, présent vendredi aux obsèques du président Idriss Deby, a obtenu de la junte militaire de revenir sur sa toute récente décision de rapatrier au Tchad les 1200 soldats envoyés en renfort vers l’armée française dans la zone dite des trois frontières, base arrière des groupes djihadistes au Sahel.
Comme Mondafrique l’a raconté le jeudi 22 avril, les 1200 soldats envoyés en renfort, voici un mois, dans le cadre de l’opération Barkhane, avaient été rappelés à N’Djanema par la junte militaire qui a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Déby. Pour ce quarteron de généraux, il est essentiel de sécuriser la capitale. Le régime tchadien, ou du moins ce qui en reste, est doublement menacé par les rebelles du Nord du pays et par les nombreux opposants à la succession familiale qui se dessine autour du fils du dictateur défunt.
Ainsi le contingent de 1200 hommes basé à Dori, une ville du Nord-Est du Burkina Faso (voir la carte ci dessus) avait quitté son cantonnement, voici deux jours, pour rejoindre la frontière nigérienne. De là, ces militaires avaient l’intention, avant de rentrer chez eux, de gagner la Ville de Tera au Niger où le reste des troupes tchadiennes était rassemblé.
Un deal peu glorieux
À l’annonce d’un tel lâchage par les troupes d’élite tchadiennes, c’est la stupeur dans le camp français. Emmanuel Macon qui a tenu à être présent aux obsèques de son meilleur allié africain, Driss Déby, a tout fait pour colmater cette nouvelle brèche dans le dispositif de Barkhane. Avant le début de l’enterrement tôt ce vendredi matin, le président français et les chefs d’État des quatre autres pays du G5 Sahel ont rencontré le fils du dictateur, Mahamat Idriss Deby, qui s’est auto proclamé chef de la junte militaire. Officiellement, il s’agissait « des consultations sur la transition qui se met en place », a indiqué la présidence française à l’AFP.
En fait le Président français et ses partenaires du G5 sont intervenus auprès des nouveaux maitres de N’Djamena pour qu’ils renoncent à rapatrier leurs 1200 soldats. En échange, Emmanuel Macron a affirmé publiquement son soutien, pendant 18 mois, au fils Déby. Patron jusqu’alors de la garde présidentielle, cet enfant du sérail s’était surtout fait connaitre par sa brutalité extrême.
Un président français qui vient sur place cautionner un coup d’état militaire fomenté par une soldatesque peu recommandables, voici une première dans ce qui était encore la tradition diplomatique de la France
Pressions multiples
Des pressions sur la junte militaire ont été exercées également par le nouveau représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mohamed Sali Amadi, de nationalité tchadienne. Arrivé jeudi soir au Tchad, le diplomate a frappé à de nombreuses portes pour que le dispositif Barkhane ne soit pas privé de ses troupes d’élite, discrètement encadrées par deux cent membres des forces spéciales françaises, comme l’avait révélé « le Canard Enchainé. »
En France, la campagne pour la future Présidentielle dans un an devrait débuter rapidement. Ces 1200 soldats tchadiens constituent l’ultime espoir pour Emmanuel Macron, pressé d’amorcer le retrait partiel des troupes françaises du Sahel, de redorer son image dégradée de chef de guerre en brandissant le scalp de quelques djihadistes.
Barkhane, les 1200 Tchadiens venus en renfort quittent le navire