Le Soudan préfère Poutine à Macron

Lors que l’Occident tente d’isoler Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine et Khartoum depuis le putsch militaire d’octobre, la Russie et le Soudan ne cessent, eux, de se rapprocher. Et cela malgré les efforts des Américains et des Français, ces deux dernières années,  pour attirer ce pays stratégique dans leur orbite 
 
À la veille du déclenchement par Vladimir Poutine des hostilités en Ukraine, une délégation soudanaise entamait le 23 février huit jours de rencontres de haut niveau en Russie.
Le Soudan fait d’ailleurs partie des pays qui se sont abstenus lors du vote à l’Assemblée générale des Nations unies du texte condamnant l’invasion russe en Ukraine.
 
Mais ce rapprochement entre la Russie et le Soudan est loin d’être soudain. Après trente ans de désengagement consécutif à la dislocation de l’Union soviétique, c’est au Soudan qu’a pu s’observer, dès 2017, un réengagement massif de la Russie en Afrique. Sous le dictateur Omar el-Béchir, Moscou était l’unique pourvoyeur d’armes du pays, sous strict embargo international. Aujourd’hui, après une révolte populaire, un début de transition démocratique et un coup d’État qui l’a arrêtée en plein vol, elle revient en force, avec mercenaires, vues sur les mines d’or et projet de base navale.
 

L’échec de la diplomatie française

 
Pourtantun peu plus de deux ans après la chute d’Omar el-Béchir, la « conférence des Amis du Soudan » qui se tient à Paris les lundi 17 et mardi 18 mai 2021, montre à quel point le Soudan était devenu un enjeu majeur de la diplomatie française. Pour cause de lutte acharnée contre l’influence russe en Afrique, une priorité absolue d’Emmanuel Macron
 
Plusieurs chefs d’État se réuniront à Paris pour discuter des investissements au Soudan et négocier sa dette afin d’aider le gouvernement du Premier ministre Abdalla Hamdok
 
Après un forum d’affaires organisé par le MEDEF, une conférence qui réunit quelques dirigeants influents, s’était tenue  sur la restructuration de la dette soudanaise.
Le lendemain, un petit-déjeuner d’affaires était organisé par la Chambre de commerce européenne au Soudan au campus de start-ups « Station F » dans la Halle Freyssinet avant qu’une soirée débats « Voix de la révolution soudanaise » ne se tienne à l’Institut du Monde Arabe (IMA), qui joue parfois efficacement l’émissaire discret du Quai d’Orsay.

La diplomatie du portefeuille

« Emmanuel Macron au chevet du Soudan », titrait RFI à l’époque. La véritable raison, la voici: en mai 2019 et à peine un mois après la chute d’Omar el-Béchir, la Russie avait signé deux accords militaires avec le Soudan, notamment dans le domaine naval. En novembre 2020, rebelote. Vladimir Poutine obtient concession sur Port Soudan, la porte d’entrée stratégique vers la Mer rouge.
 
À l’occasion de la levée des sanctions contre le Soudan, Donald Trump accorde un milliard de dollars à ce pays. Sous réserve que régime de transition soudanais reconnaisse Israel. Ce qu’il a fait sans ciller. La France de Macron et Le Drian tenta, elle aussi mais sans succès, cette diplomatie du portefeuille, mais avec moins de marges financières, hélas, que les Américains. 
 

Un nouveau statut sous-régional.

 
La position géographique du Soudan (frontalier avec le Tchad, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, avec un littoral sur la Mer Rouge) en fait un pays stratégique. Mais c’est apparemment Vladimit Poutine qui au finalremporte laise