Un an après le cessez le feu signé à Moscou entre l’Arménie et l’Azerbaidjan, le chantier de la reconstruction et du déminage de la province du Karabach reste considérable avant que des milliers de réfugiés azéris puissent songer à revenir vivre à nouveau sur leurs terres historiques.
Le ministre azeri des Affaires Étrangères, Jeyhun Bayramov, devait rencontrer, le mercredi 10 novembre, son homologue français, Jean Yves Le Drian
Notre entretien avec l’ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Rahman Mustafayev
Mondafrique. Comment se présente la situation dans le Haut Karabach et ses districts alors que les militaires azéris ont repris possession de ces régions depuis un an ?
Rahman Mustafayev Trente ans d’occupation par l’Arménie ont fait de notre belle province du Karabach un champ de ruines. Lorsque nous avons été chassés de ces régions, près de 700000 réfugiés ont du prendre le chemin de l’exil, alors que la population azérie compte au total dix millions de citoyens. C’est considérable.
Le temps apaisera ces blessures mais nous n’oublierons pas ceux qui ont laissé leurs vies et leurs espoirs. Nous espérons que demain les Arméniens qui sont encore entre 30000 et 50000 à vivre en Azebaidjan retrouveront toute leur place dans notre nation. Nous n’avons plus aucun prisonnier de guerre. Les 72 arméniens encore détenus sont coupables de sabotage..
L’heure est aujourd’hui à la reconstruction et au déminage. Nous dépensons quelques 750 millions de dollars par an pour réhabiliter ces villes fracassées. Des centaines de mines sont encore enfouies dans le sol qui ont provoqué la mort de près de 170 personnes depuis le cessez le feu.
La France nous a apporté une aide financière importante de quelque 500 millions d’euros pour financer le chantier de déminage. Ce dont nous nous félicitons.. Les contacts noués à cette occasion avec les diplomates du Quai d’Orsay furent excellents. Une France impartiale est la bienvenue chez nous.
Mondafrique. La Turquie et la Russie sont-ils désormais vos principaux interlocuteurs?
R.M. Le contexte régional a été largement modifié. Moscou comme Ankara sont beaucoup plus présents qu’autrefois. « Un centre de monitoring » basé à Agdam, à la lisière du Haut Karabach, et constitué de 60 turcs et de 60 russes. veille à l’application du cessez le feu. Plus largement, un comité « 3 plus 3 » a été créé qui, outre la Russie, l’Arménie et la Turquie, intègre également la Géorgie et l’Iran.
Mondafrique Quel est le rôle du groupe de Minsk, constitué par la Russie, les États Unis et la France dans les années 1990 pour trouver un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaidjan?
R.M Le groupe de Minsk n’a rie fait depuis sa création. C’est nous qui avons du agir et hélas sur le terrain militaire pour faire appliquer les résoltions de l’ONU. Ce qui ne veut pas dire que ce groupe n’aie pas un rôle à jouer à l’avenir pour nous aider à nous retrouver autour d’une table avec les Arméniens, à tracer de véritables frontières étatiques et à nous acheminer vers un traité de paix.
Mondafrique Durant le dernier conflit, le ministre français des Affaires Etrangères, Jean Yves Le Drian, avait brillé par son absence, si ce n’est pour s’inquiéter du rôle de son meilleur ennemi, le président turc Erdogan. Avez vous le sentiment que la position de la diplomatie française a évolué?
R.M Nous sommes mieux entendus qu’hier à Paris par les diplomates comme par les journalistes. Nous regrettons simplement que le groupe d’amitié parlementaire n’aie pas encore pris beaucoup d’initiatives même si nous recevons des élus français à Bakou. La France est bien placée pour agir car derrière elle, il existe un vaste marché européen qui nous intéresse au premier plan.
La destruction culturelle du Karabach sous occupation arménienne