Le Pentagone renforce, en toute discrétion, sa présence en Tunisie, avec l’aide du ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi, qui se verrait volontiers candidat aux futures présidentielles de 2019 avec l’appui de Washington.
Une base américaine en échange d’avions de guerre américains, voici le marché conclu par les Américains et les Tunisiens tel que l’a révélé le site de Franceinfo. La Tunisie, au bord de la faillite financière, aurait obtenu un rabais pour acheter des avions de lutte anti terrorisme AT-6 Wolferine, contre l’autorisation donnée aux Etats-Unis d’installer une base sur le sol tunisien. Mieux encore, les Tunisiens bénéficieraient d’un prêt de 500 millions de dollars pour financer l’acquisition d’avions d’attaque légers. « La Tunisie est l’un de nos partenaires les plus fiables et les mieux disposés à notre égard », a affirmé le général Thomas Waldhauser, patron de l’Africom.
Abdelkrim Zbidi à la manoeuvre
L’offensive américaine en Tunisie est favorisée par le ministre tunisien de la Défense, Abdelkrim Zbidi, qui dans l’ombre prépare sa candidature aux élections présidentielles. Ce médecin posé et compétent a toujours eu la confiance de Beji Caïd Essebsi, qui, dès sa nomination comme Premier ministre en mars 2011 l’avait appelé à ses côtés et qui avait même tenté, en juin dernier, à le nommer chef du gouvernement au lieu et place de Youssef Chahed.
Abdelkrim Zbidi est soutenu par les hommes du Sahel, cette région de Monastir et de Sousse d’où proviennent la plupart des élites politiques du pays depuis Bourguiba. Le ministre bénéficie de toute l’aide de Kamel Eltaief, cet homme de l’ombre redouté qui, depuis Ben Ali dont il était l’intime, fait et défait les carrières dans la police et la politique.
L’appui de Washington constituerait naturellement un atout essentiel pour l’ambitieux ministre de la Défense. A condition que le parrainage américain reste discret.
150 militaires américains aux cotés des forces tunisiennes
L’aide américaine à la Tunisie n’est pas seulement finacière. Le site spécialisé américain taskandpurpose a révélé que deux Marines avaient été récompensés pour leur héroïsme lors d’un engagement direct contre des militants d’al-Qaïda « quelque part en Afrique du Nord ». L’engagement avait eu lieu le 28 février 2017 en Tunisie dans le Nord Ouest du pays aux côtés de militaires tunisiens, précisait la même source. L’un des Marines aurait été blessé, une première depuis la Seconde guerre mondiale en Afrique du Nord.
Selon le New York Times, qui a confirmé les informations de taskandpurpose.com, 150 militaires des États-Unis se trouveraient en permanence sur le sol tunisien. Une coopération de plus en plus intense, devrait-on dire. Cet engagement est d’autant plus frappant que le Pentagone, par ailleurs, réduit sa présence ailleurs sur le continent africain, particulièrement en Afrique de l’Ouest, constate le quotidien new-yorkais.
Ni les Tunisiens, ni les Américains ne communiquent guère sur leur lune de miel. Ne serait-ce que pour éviter qu’une médiatisation n’entraîne davantage de violence extrémiste