La Russie interdit l’achat du cacao brut africain

Inspirée par l’Ivoirien Ahoua Don Mello, vice-président de l’alliance internationale des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) une loi russe interdit désormais l’achat des fèves de cacao brutes. Une décision du parlement russe (la Douma) qui fait les bonnes affaires de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè 

Au nombre des propositions stratégiques visant à assurer la promotion de l’influence russe en Afrique, figurait l’ouverture d’un couloir économique direct pour l’achat du cacao en Russie. En tant que vice-président de l’Alliance des Brics (élargi désormais à d’autres pays du Sud global, dont l’Egypte et l’Ethiopie pour l’Afrique) et, de ce fait, premier promoteur du partenariat Russie-Afrique, Ahoua Don Mello avait fait de cette action son principal cheval de bataille.

On peut donc conclure que ses efforts ont été couronnés de succès puisque la Douma russe vient de voter cette loi interdisant la vente directe des fèves de cacao sur son marché. Certes, la Russie a toujours acheté du cacao semi transformé à ses partenaires occidentaux. Sauf qu’avec les sanctions économiques dont elle est l’objet depuis la guerre en Ukraine, elle regarde désormais vers les pays producteurs que cette disposition encourage à transformer localement leur produit, notamment sous la forme de poudre ou de beurre, pour le vendre ensuite sur le marché russe.

Un cacao transformé plus rentable

Or, il est évident que le cacao semi transformé est plus rentable pour le producteur que la fève brute. D’autre part, les échanges se feront en monnaie locale. Il suffit donc d’ouvrir un compte en Russie pour que les échanges soient possibles. Toutefois, des pesanteurs politiques endogènes pourraient contrarier ce travail. En ette, il y a peu de chances de les relations économiques entre la Russie et la Côte d’Ivoire s’envoler à la faveur de cette nouvelle loi décidée à Moscou. Dans le contexte actuel d’une percée fulgurante de la Russie en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, est perçue comme la dernière digue pour contrer l’influence russe.  Il n’est pas sûr par ailleurs que les autorités ivoiriennes, tenant compte des bonnes relations que le pouvoir en place a établies avec la France, prennent sur elles de se rapprocher, y compris économiquement, de la Russie. Cette posture semble faire consensus dans l’ensemble de la classe politique ivoirienne qui, à quelques exceptions près, s’est toujours gardée de contrarier la France avec qui tous ses animateurs ont les liens culturels forts.

En conséquence, les producteurs ivoiriens risquent encore d’être dissuadés de regarder vers les marchés russes. En revanche, pour les autres pays n’ayant pas cette contrainte, cette disposition constitue un effet bonus pour le marché mondial du cacao qui s’est emballé ces trois dernières années, en raison d’une mauvaise pluviométrie. Cela dit, tout dépendra surtout de la détermination des acteurs économiques nationaux. D’autant que les responsables de la petite ville du centre-est, M’batto, située à 234 km d’Abidjan, n’ont pas hésité à proposer à la signature d’un accord de jumelage avec la ville russe de Saransk, capitale de la République de Mordovie.

Ville nouvelle

Ce projet de jumelage envisage la création d’une ville nouvelle moderne dotée d’infrastructures économiques et agro-industrielles dont la construction sera financée par des partenaires internationaux russes et ivoiriens.

En attendant, la ville de Moscou se prépare à accueillir, dès mercredi 5 février prochain, la réunion de reprise des Brics après le sommet de Kazan. La réunion va faire le point des relations entre les pays Brics et les pays non Brics et sera présidée par la présidente Larissa Zelenstova. En tant que vice-président et chargé du partenariat Russie-Afrique, l’ivoirien Ahoua Don Mello doit faire le bilan de ses activités, identifier les obstacles qui bloquent la pénétration des Brics sur le continent et dégager les perspectives pour les années à venir.

 

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