La réconciliation Nouakchott-Rabat fache Alger

Le président mauritanien Aziz peine à maintenir un subtil équilibre entre les deux mastodontes du Maghreh. Après l’expulsion de l’un de ses diplomates en poste en Mauritanie, Alger réplique en chassant le conseiller sécurité à l’ambassade de Mauritanie. L’analyse de Karim Douichi.

Aziz« Là où les éléphants font l’amour, l’herbe ne pousse plus. Là où les éléphants font la guerre, l’herbe ne pousse plus ». Ce cynique proverbe africain renseigne sur la situation de la fière Mauritanie, coincée entre le Maroc et l’Algérie, deux géants du Maghreb qui depuis des années se livrent une guerre diplomatique sans merci. Au milieu de la semaine dernière, Nouakchott surprend tout le monde en expulsant le premier conseiller de l’ambassade d’Algérie en Mauritanie, Belkacem Cherouati. Les autorités mauritaniennes l’ont accusé d’ingérence dans les affaires intérieures de la Mauritanie et de mener des activités préjudiciables aux affaires étrangères du pays.

Selon des sources bien informées à Paris, le diplomate algérien expulsé faisait montre depuis quelque temps d’un « activisme douteux » auprès des partis politiques et des rédactions de la capitale mauritanienne. En clair, le premier conseiller de l’ambassade d’Algérie multipliait les contacts formels et informels pour faire du lobbying anti-marocain. Et pour cause, une réconciliation se profilait à l’horizon entre Rabat et Nouakchott.

Grand messe marocaine

En effet, depuis deux mois, le général Aziz a donné ses ordres pour préparer en grande pompe la visite que compte effectuer en Mauritanie le roi Mohammed VI, avec à la clé d’innombrables investissements chérifiens. L’organisation patronale marocaine, très active sur le continent, compte organiser dans la foulée à Nouakchott, une grande messe réunissant les hommes d’affaires des deux pays. Un rapprochement qui, semble-t-il, indisposait au plus haut degré les autorités algériennes.

Alger soupçonne Rabat de marcher sur ses plates-bandes au Mali, où elle n’arrive pas à imposer la « Pax algeriana » entre le gouvernement de Bamako et les mouvements azawads. Le royaume chérifien a également volé la vedette à l’Algérie sur le dossier libyen, en organisant le dialogue officiel entre les parlements rivaux de Tobrouk et de Tripoli. « Le tout était suffisant pour qu’Alger commette un faux-pas », ajoutent nos sources à Paris.