Cette nuit de tous les dangers(1) a coûté plus d’un milliard de dollars aux contribuables israéliens mais aussi américains. La mise en œuvre du Dôme de fer et autres systèmes défensifs revient cher, de même que l’appui assuré des aéronavales américaine et britannique.
Extraits de l’article de Youssef Mouawad de notre site partenaire Ici Beyrouth
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Un esprit disert ne manquerait pas de qualifier de guerre picrocholine et de burlesque ce feu d’artifice de la nuit du 13 au 14 avril 2024. Nuées d’engins volants et salves ont été lancées à partir de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie, du Yémen et du Liban. Néanmoins, on n’a pas enregistré une seule victime israélienne. Rien que des blessés légers, qui s’étaient bousculés en se rendant dans les abris.
Comment se l’expliquer? On nous dit qu’Israël avait pris toutes ses dispositions, qu’il a réussi à abattre d’ailleurs 185 drones et 36 missiles de croisière, et qu’en fin de compte, pas plus que 7 missiles balistiques sur les 110 lancés ont touché le territoire israélien. Ce n’est pas, ma foi, beaucoup! Le Hamas s’en est mieux tiré lors de son raid du 7 octobre et le Hezbollah, l’autre relais de la politique des mollahs, a fait plus de dégâts en territoire israélien que ce sursaut de dignité iranienne ulcérée.
Le « Dôme de Fer », rempart essentiel d’Israël
Et pourtant, Téhéran déclare avoir atteint tous ses objectifs: en fait, quelques missiles ont pu toucher leur cible, la base militaire de Netivim. On serait malvenu de lui dénier cette « victoire ». Et quel rabat-joie irait gâcher la liesse populaire qui s’est saisie des villes comme Ispahan et Tabriz, ou la banlieue sud de Beyrouth?
En revanche, si Israël affirme avoir déjoué une « attaque concertée », le monde occidental ne peut que se féliciter d’avoir évité l’embrasement général du Moyen-Orient. Et, comme à chaque crise, le problème ne sera pas réglé de manière définitive, si tant est qu’il puisse l’être. Alors, on va procrastiner. Et certaines ambassades se chargeront de jouer les bons offices entre belligérants.
Tout le monde guettait la frappe nocturne. Trente ambassades israéliennes disséminées à travers le monde avaient été fermées(2) ce vendredi 12 avril. On allait venger l’attentat du 1ᵉʳ avril qui avait pris pour cible le consulat iranien à Damas et qui avait fait dans les quinze morts, parmi lesquels des hauts gradés de la force Al-Qods. Et puis et surtout, l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême à la tête du régime, avait décidé qu’Israël serait puni. Par ailleurs, n’oublions pas qu’au niveau de l’affrontement, le principe de dissuasion imposait les représailles, sinon c’en était fini de la suprématie iranienne dans les quatre capitales arabes que Téhéran contrôle.
En somme, il fallait à tout prix sauver l’honneur de l’Iran, tout en évitant l’escalade militaire. Or ce n’était pas une mince affaire. Le président Biden s’était démené pour calmer le jeu. Et c’est à se demander si on n’a pas eu recours aux special effects hollywoodiens pour désamorcer la crise (…)
Comme n’a pas manqué de le souligner Georges Malbrunot, « sitôt les salves de drones lancées, Téhéran a déclaré considérer l’affaire close »(3). C’est comme si on était au cinéma où « The End » nous signifie notre congédiement. Ou au théâtre, quand on baisse le rideau! Bref, cette nuit-là, on était en pleine représentation et le scénario était bien ficelé!
Seulement voilà, l’affaire n’est pas close: la suite est au prochain numéro. Et Netanyahou est un multirécidiviste!
- Cf. Édition spéciale: « La nuit de tous les dangers », Ici Beyrouth, 14 avril 2024.
- Jonathan Lis, « Iranian Sources: Iran Will Respond Directly to Damascus Attack to Create Deterrence « , Haaretz, 6 avril 2024.
- Georges Malbrunot, « Les premières leçons de l’attaque inédite de l’Iran contre Israël », Le Figaro, 14 avril 2024.