Le coup de gueule du député congolais Aimé Pascal Mongo Lokonda contre le Rwanda

De passage à Paris, à l’invitation du groupe d’amité franco-congolais, le député Aimé Pascal Mongo Lokonda, au niveau national comme au parlement de la riche province du Mai-Ndombe, proche de la capitale Kinshasa, a fait le voyage en France pour vanter les formidables potentialités agricoles de son territoire. Las, depuis 2017, des conflits entre cultivateurs Teke et éleveurs d’origine Yaka, arrivés de l’est avec leurs troupeaux, ensanglantent la région. Le territoire de Kwamouth est ainsi plongé dans le chaos par les exactions attribuées à la milice des Mobondo. Pour le député Mongo LoKonda, pas de doute, les méthodes de ces groupes armés portent la signature du Rwanda.   

Aimé-Pascal Mongo-Lokonda, 56 ans, président du Congrès national africain pour le réveil du Congo (CNARC),un  parti allié du Président Félix Tshisekedi, et député de la Province du Mai-Ndombé, à l’ouest du pays, au nord de la capitale Kinshasa.

Notre entretien, signé Norbert Navarro, avec Aimé Pascal Mongo Lokonda

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Mondafrique : Aimé Pascal Mongo Lokonda, vous êtes tout à la fois député national et député de votre province, le Mai-Ndombe. Au seuil de vos mandats , quelles sont vos ambitions ? :

Aimé Pascal Mongo Lokonda : Je voudrais que le Mai-Ndombe soit fort selon ses potentialités, la plus visible étant ses terres arables. Il faut en faire usage par des projets agro-pastoraux de grande envergure et qui vont nous conduire à la transformation des produits alimentaires, des produits agricoles. Je voulais faire de ma province un grenier agricole pour la RDC. Au mois de mars, j’ai été invité au salon agricole de Konya, en Turquie pour en parler. Aujourd’hui, je suis en France parce que l’expérience française en matière agricole n’est plus à démontrer.

M : Le Mai-Ndombe est en proie à des violences qui ont tendance à s’aggraver. La milice des Mobondo y commet de sanglantes exactions. Qui l’arme, selon vous ? :

APML : Il s’agit d’un conflit foncier entre populations autochtones Teke et celles des Yaka qui, normalement, proviennent de la province voisine du Kwango. May-Dombe et Kwango se trouvent être dans l’espace Bandudu. Je suis très heureux d’avoir suivi la signature de l’acte d’engagement entre les chefs traditionnels des deux communautés devant le chef de l’État [NDLR : le 6 avril, à Kinshasa]. C’est déjà une grande d’avancée. Toutefois, lorsqu’on analyse les tueries qui font rage au niveau du territoire du Kwamouth [NDLR : territoire de la province du Mai-Ndombe], on s’aperçoit qu’elles s’apparentent à celles qui se réalisent au niveau de l’espace oriental de notre pays, dans le Kivu. J’interpelle le gouvernement pour qu’il nous explique la présence d’un groupe d’éleveurs provenant justement de cette partie-là (du pays) et qui a surgi dans l’espace Bandudu. Dès lors, ce conflit foncier, qui avait toujours été géré de manière pacifique, s’est transformé en tueries. Le lendemain de la signature de l’acte d’engagement, il y a eu nouveau massacre, qui a coûté la vie à cinq autres personnes et pas plus tard que samedi dernier, des troupeaux ont été massacrés

M : Le mode opératoire de ces groupes présenterait-il, selon vous, des similitudes celui des rebelles du M23, dans l’est de la République démocratique du Congo :

APML : Dans le grand Bandudu, foyer de ces deux communautés, on ne décapite pas les humains. Ce sont des gens très pacifiques. Cette région est même considérée comme le Quartiers latin (du Congo), c’est la province intellectuelle qui a donné cinq Premiers ministres au pays. C’est un espace de paix, on n’y a jamais connu ces genre de tueries. Lesquelles doivent donc interpeller tous les originaires du grand Bandudu.

M : En ce moment ont lieu les commémorations du trentième anniversaire du génocide au Rwanda. Que pensez-vous de la position officielle de la France au sujet de ce conflit, trente ans après ? :

APML : Les Français sont de vrais amis des Congolais. Je vais être très dur, c’est important de l’être dans une amitié pour permettre aux uns et aux autres de pouvoir s’amender. La position de la France, je la trouve très hypocrite. Il y a trente ans, au Rwanda, les militaires français ont quand même sauvé des vies humaines, c’est aussi important de le dire. Le fait de s’auto-culpabiliser laisse à désirer. On doit condamner les génocides d’où qu’ils viennent. La RDC aussi a besoin de la paix. En 1994, le Congo était en paix. Il lui avait été demandé d’ouvrir ses frontières pour permettre l’accueil de ceux qui étaient en détresse. Quel péché la RDC a-t-elle commis d’avoir accepté de les accueillir ? Depuis ce temps-là, la RDC ne vit que de tueries. Nous en sommes à près de douze millions de morts. Silence radio. S’il est vrai qu’il faut dénoncer ce qui s’est passé au Rwanda contre les Tutsis, il y a aussi des Hutus et des autres qui ont été victimes, et dans les « autres », il y a eu aussi des Congolais. On condamne le génocide, mais on encourage les tueries en RDC. Ça ne peut que révolter tout Congolais épris de paix.

M : Que doit faire la RDC, selon vous ? :

APML : La RDC doit appliquer une diplomatie agissante, efficace, pour bien expliquer le mauvais sort qui lui est réservé et demander à tous ceux qui soutiennent le Rwanda de se désolidariser du régime rwandais. En même temps, le peuple congolais doit aussi s’auto-défendre. Le soutien du régime Rwandais pour son soutien à tous ces mouvements armés qui sévissent au niveau de la partie orientale de la RDC doit être condamné par la communauté internationale. Quant aux Congolais, ils doivent pouvoir se prendre en charge.  

M : Le second mandat du président Tshisekedi permettra-t-il de régler ces questions :

APML : Je l’espère bien parce que notre président est un fin diplomate. Le pays organise son armée. Laquelle doit travailler de pair avec la diplomatie pour faire avancer la chose. Mais en même temps, qu’à l’international, les pays qui se disent amis de la RDC condamnent et découragent le soutien du Rwanda aux g