La lutte d’influence entre Alger et Rabat se joue aussi à Niamey

Le 9 octobre dernier, les autorités algériennes ont officiellement annoncé le gel, pour ne pas dire l’annulation momentanée, de leur offre de médiation proposée aux diverses parties prenantes de la crise nigérienne. La diplomatie algérienne a expliqué cette décision par l’absence d’un accord avec les militaires ayant pris le pouvoir à Niamey le 26 juillet dernier sur « deux sujets importants.
 
Selon les sources du site marocain Maghreb-intelligence, ces deux sujets concernent la période de transition, l’Algérie veut imposer une durée de 6 mois alors que la junte au pouvoir au Niger envisage une période de 3 ans, ainsi que le sort réservé au Président Mohamed Bazoum que l’Algérie souhaite accueillir sur son territoire pour lui accorder l’exil alors que les militaires putschistes souhaitent le traduire en justice.
 
Cet échec de la médiation algérienne a suscité de nombreuses craintes à Alger et des grincements de dents. Selon les sources de Maghreb-intelligence, Alger redoute maintenant une percée du lobby marocain à Niamey qui pourrait tirer profit du recul de l’influence algérienne. Les autorités algériennes soupçonnent effectivement, certifient nos sources, les militaires putschistes de nouer de contacts de plus en plus approfondis avec des interlocuteurs marocains en vue d’une stratégie de rapprochement permettant aux putschistes de Niamey de bénéficier d’une aide économique et d’un soutien sécuritaire qui les soulagera face au blocus que leur impose la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
 
De récentes notes confidentielles du bureau de sécurité de l’ambassade d’Algérie à Niamey laissent entendre que le risque d’une ingérence marocaine dans la crise nigérienne est sérieux, élevé et pourrait se concrétiser, car le Maroc est positivement perçu par les nouvelles élites au pouvoir à Niamey.
 
En plus, les relations opaques du régime algérien avec la France nourrissent des soupçons et des doutes au sein du nouveau pouvoir nigérien. Les militaires putschistes n’apprécient pas du tout la proximité de Tebboune avec Emmanuel Macron, le Président français, considéré comme l’adversaire stratégique numéro 1 pour le nouveau régime nigérien. Pour rappel,  une information que Maghreb-intelligence a révélé auparavant en exclusivité dans une publication traitant des dessous du rôle de l’Algérie dans la crise nigérienne, avait expliqué les tenants et aboutissants des réactions effarouchées de la junte nigérienne à la suite de la fuite des propos désobligeants à leur égard tenus secrètement par Abdelmadjid Tebboune lors d’une conversation confidentielle avec Emmanuel Macron.
 
Cette proximité avec la France officielle joue en défaveur d’Alger dans la crise nigérienne alors que le Maroc développe ces dernières années une politique anti-française virulente qui semble séduire les nouvelles élites dirigeantes des pays subsahariens. Or, pour Alger, ça sera un réel cauchemar si les nouveaux maîtres de Niamey se tournent vers le Maroc pour établir leur plateforme de médiation avec toutes les forces vives du pays et de lancer un processus de transition sur lequel l’Algérie ne pourra exercer aucun contrôle et pas la moindre influence.