Le 5e sommet inter-gouvernemental Italie–Algérie du 23 juillet 2025, tenu en même temps que la visite d’Etat du president Tebboune à Rome , a marqué un tournant dans la relation entre les deux pays qui se renforce entre les deux pays. Alors que les liens se resserrent etre l’Italie et la Tunisie et que la coopération se renforce entre Alger et Tunis, on assiste à l’émergence d’un pole de coopération et de stabilité au couer de l’ensemble méditerranéen et au détriment du role clé que jouait traditionnellement la France dans cette zone géographique.
Lyazid BENHAMI
À travers une série d’accords concrets dans les domaines de l’énergie, de la sécurité, des infrastructures et des télécommunications, Rome et Alger dessinent les contours d’un partenariat pragmatique et équilibré au cœur de la Méditerranée
Un socle énergétique
La signature d’un contrat de 1,3 milliard de dollars entre Sonatrach et Eni pour l’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures renforce la position de l’Algérie comme fournisseur stratégique de l’Italie. Alors que l’Europe cherche à sécuriser ses approvisionnements énergétiques post-Ukraine, Rome mise sur un partenariat fiable avec Alger, qui représente près de 40 % de ses importations de gaz, et pour objectif également de devenir un hub énergétique méditerranéen.
« Nous continuons à être un partenaire fiable pour nos amis italiens », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune.
Le partenariat s’ouvre également aux énergies d’avenir, notamment l’hydrogène vert et les renouvelables, reflétant une volonté partagée de diversification énergétique.
Sécurité et migration
Les deux gouvernements ont signé un mémorandum sur la sécurité incluant la lutte contre le terrorisme, la surveillance maritime et les opérations de secours en Méditerranée. La gestion migratoire repose désormais sur des mécanismes concertés et des formations cofinancées par l’Union européenne.
« Il est de notre devoir de travailler ensemble à la stabilisation de notre région, du Sahel à la Libye », a affirmé la Première ministre Giorgia Meloni.
Cette approche opérationnelle vise à répondre aux défis transfrontaliers tout en stabilisant la région du Sahel et de la Méditerranée centrale.
Un câble numérique sous-marin reliera prochainement Annaba à la Sicile, via une joint-venture entre Sparkle et Algérie Télécom. Ce projet illustre la volonté des deux pays de bâtir des infrastructures numériques interconnectées.
Un fonds d’investissement bilatéral soutiendra les entreprises italiennes en Algérie dans des secteurs clés : agroalimentaire, pharmaceutique et industrie mécanique. Le centre Enrico Mattei, qui ouvrira ses portes à Sidi Bel Abbès, jouera un rôle de catalyseur pour le transfert de compétences dans les domaines stratégiques.
Une alliance ancrée dans le réalisme
Ce sommet confirme la maturité d’un partenariat ancré dans des intérêts mutuels et une vision partagée de la stabilité régionale. Plutôt que des déclarations symboliques, Alger et Rome misent sur des engagements concrets dans les secteurs à forte valeur ajoutée. Le pragmatisme économique et géopolitique devient le moteur principal de cette relation en constante évolution.
« Nous sommes désormais liés par une vision géopolitique commune en Méditerranée », a résumé Giorgia Meloni.