La démission du conseiller diplomatique de Macron, Emmanuel Bonne

Pilier de l’équipe du président de la République depuis mai 2019, Emmanuel Bonne a annoncé vendredi sa volonté de quitter l’Élysée. Plusieurs successeurs potentiels se présentent déjà à Emmanuel Macron pour ce poste clé, au cœur du pouvoir régalien. 

Installée dans un bâtiment proche de l’Élysée, la cellule diplomatique regroupe une dizaine d’experts, pour la plupart des diplomates de carrière, qui sont spécialisées sur les grands dossiers internationaux. Or le bilan diplomatique d’Emmanuel Macron est de plus en plus critiqué par les diplomates et par les medias en cette fin de rêgne. Sur le banc des accusés, se trouve le chef de la cellule, Emmanuel Bonne, nommé en 2019 conseiller diplomatique à la suite du départ de Philippe Étienne, parti prendre le poste d’ambassadeur à Washington.

Mondafrique ne pleurera pas son départ, lui qui doit sa carrière à Jean Yves Le Drian, un des cibles constantes de notre cible en raison de sa politique africaine calamiteuse, et qui ne nous aimait guère. Autant ce diplomate bénéficia de la confiance totale du Président français lors du premier quinquennat, autant il avait perdu ces derniers mois beaucoup de ses prérogatives face à son patron de plus en plus décidé à se passer de ses conseils.

L’humiliation publique

Lors du dernier voyage d’Emmanuel Macron en Chine, cette perte d’influence fut rendue publique lors du voyage de retour et alors que le chef de l’état français conversait, forcément « off », avec trois journalistes. Un d’entre eux avait confié à Mondafrique la teneur de cet entretien inédit.

Alors que le chef de l’état avait confié sa volonté de se démarquer de tout suivisme vis à vis des Américains sur le contentieux entre la Chine et Taiwan, un des plumitifs présents devait marquer son étonnement. « Tout de même, alors que la flotte chinoise encercle Taïwan, vos déclarations peuvent apparaitre comme un manque de solidarité… » Et Emmanuel Macron de sourire en se tournant vers son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, qui était naturellement du voyage: « Alors, Emmanuel, apparemment tu n’es pas le seul à prendre tes distances avec mes choix diplomatiques sur Taïwan et les Etats Unis ».

Il n’est pas fréquent qu’un Président se démarque ainsi de son principal conseiller diplomatique publiquement en présence de quelques journalistes. Et qui plus est, sur un sujet de premier plan qui pet en cause la paix et la guerre dans le monde.

Le correspondant du site « Politico », présent lors de cet entretien aux cotés de ses confrères des Échos et de France Inter,, ne peut pas s’empêcher d’interroger Emmanuel Macron: « Mais quelle est la personne que vous écoutez le plus sur les grands sujets de matière de politique étrangère ». « Mais c’est Brigitte, bien sûr, ma confidente », répond l’intéressé en souriant. Et de poursuivre: « Non, mon principal conseiller, c’est moi même ».

« Les Thénardier » aux commandes

 La situation de la cellule diplomatique est devenue au fil des années tellement intenable que la Présidence avait du, durant l’été 2020, a en déclenchéerune enquête en interne enfin d’éclaircir la situation, et de comprendre d’où viennent toutes ces tensions et ce climat de terreur qui règne derrière les portes du 2 rue de l’Élysée: les départs en effet se multipliaient et les arrèts maladie aussi, beaucoup de membres de la cellule connaissant un véritable « burn out » en raison du management d’Emmanuel Bonne. Le chef de la cellule diplomatique, et son adjointe, Alice Rufo, surnommés « les Thénardier » ou « les Ceaucescu » en interne pour leur management « brutal » et « infernal » , selon les termes de cet audit mené par un cabinet privé.

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