Le président congolais Denis Sassou Nguesso ne s’est pas rendu aux obsèques d’Idriss Déby décédé le 20 avril pour ne pas avoir à croiser son homologue français Emmanuel Macron. Entre les deux chefs d’Etat, le courant ne passe plus.
Le président tchadien Idriss Déby, décédé le 20 avril, a effectué son dernier voyage officiel au Congo où il a pris part vendredi 16 avril à l’investiture de Denis Sassou Nguesso, réélu quelques semaines plus tôt à la tête du Congo, avec 88,40% des voix. Une très longue et solide amitié lie Idriss Deby Itno au chef de l’Etat congolais que ses pairs africains appellent « l’Empereur ». Que s’est-il donc passé de si grave pour que Sassou ne vienne pas rendre un dernier hommage à son ami Déby. Personne n’a été convaincu par « la raison familiale » avancée par l’entourage de Sassou pour expliquer son absence dans la capitale tchadienne. En réalité, le président congolais a exclu d’y venir dès qu’il a su que son homologue français se rendait à N’Djamena. Pas question pour lui d’aller le croiser, même dans ces circonstances exceptionnelles de la mort de Déby.
Un lourd contentieux
Sassou n’est pas vraiment content de Macron. En refusant de venir à N’Djamena, il l’a clairement manifesté. Le président congolais n’a pas digéré que son homologue français ne lui ait pas adressé ses félicitations après sa réélection. Même pas la lettre de courtoisie diplomatique qui convient en pareil cas. Sassou est d’autant plus fâché que Macron n’a pas hésité à envoyer une lettre de félicitation et passer un coup de fil au Nigérien Mohamed Bazoum, autre président africain élu quelques jours plus tôt. Passé cet accroc, Sassou a mal vécu le niveau de représentation de la France à son investiture. Là où il attendait au moins Jean-Yves Le Drian, à défaut de Macron lui-même, il a eu droit à Franck Riester, ministre délégué au Commerce extérieur et à l’attractivité. Un second couteau, pour Brazzaville. De Jacques Chirac à François Hollande en passant par Sarkozy, les trois derniers prédécesseurs de Macron ont foulé le sol congolais et visité Brazzaville qui fut dans l’histoire récente la capitale de « la France libre. » Macron n’est pas encore venu visiter la « case De Gaulle », la résidence de l’ambassadeur de France au Congo. Il n’en a pas le projet d’ici à la fin de son quinquennat prévue dans un an. A part le dîner de travail sur le bassin du Congo organisé presque en catimini à l’Elysée en septembre 2019, Sassou n’a pas reçu de Macron la moindre invitation à effectuer une visite officielle en France. Ce qui n’est pas arrivé depuis de nombreuses années. Sans démentir l’ambiance glaciale de ses relations avec Macron, Sassou a déclaré le jour de son investiture, lors d’un entretien mené pour la chaine de télévision panafricaine Télé Sud par le journaliste français Vincent Hervouët, que : « les relations entre la France et le Congo sont normales ». C’est tout dire.