En froid avec les Américains qui n’ont pas apprécié de découvrir l’accord secret en 2010 du pouvoir mauritanien avec El Qaida, en conflit ouvert avec le voisin marocain et sans désormais un vrai soutien de la France, le pouvoir mauritanien est désormais très isolé. Seule demeure une relation forte avec l’Algérie, en Etat malgré tout en quasi régence, car confronté à d’insolubles problèmes de succession. Très en en retrait, Alger soutient Nouakchott comme la corde soutient le pendu.
Dans ce contexte difficile, le sommet de la Ligue arabe à Nouakchott, le 25 juillet, a vu se multiplier les couacs en tous genres qui ne rehaussent pas l’image deja plombée du régime mauritanien. Voici quelques uns des principaux impairs qui ont marqué la réunion des chefs d’Etat arabe .
Des postures à contre courant. Le Maroc avait peu apprécié d’être remplacé au pied élevé par la Mauritanie, quand sa diplomatie avait renoncé à accueillir la Ligue arabe à Rabat et estimé que l’heure n’était pas venue de réunir les frères arabes désunis. Or le logo du Sommet de la Ligue arabe tel qu’il est apparu à Nouakchott représentait une carte où le territoire marocain avait été amputé du Sahara occidental.
Ce geste fait pour plaire au puissant voisin algérien se paiera au prix cher. En effet, le retour du Maroc dans l’Union africaine risque de marginaliser davantage le président mauritanien Aziz qui n’a pas participé en juillet au Sommet de Kigali. En clair, la Mauritanie soutient la République sahraouie au moment où une majorité d’Etats africains sont prêts à la sacrifier sur l’autel d’une réconciliation avec le Maroc. Mauvaise pioche!
Etait-il habile, de la part du président Aziz, de froisser encore plus la susceptibilité de Rabat? N’était-il pas judicieux pour la diplomatie mauritanienne de rechercher, comme par le passé, à jouer jeu égal entre Rabat et Alger?
L’absantéisme massif. Six chefs d’État arabes seulement sur vingt deux ont participé au Sommet de Nouakchott. Outre l’absence programmée des chefs d’État du Maghreb, les absences du roi d’Arabie Seoudite et du Général Sissi, le président égyptien, ont été plus significatives. Jusqu’à présent, les Séoudiens et les Egyptiens étaient de fidèles alliés du pouvoir mauritanien.
Des soutiens douteux. Les seuls chefs d’Etat présents au sommet de Nouakchott sont les fort controversés puisqu’il s’agit des présidents largement illégitimes du Yémen, des Comores, du Soudan, de Djibouti. Quant à l’émir du du Qatar, un allié de poids de la Mauritanie sur le plan financier, il aura peu apprécié de ne pas être cité dans le discours d’ouverture du président Aziz. Il n’ a passé que trois heures à Nouakchott et de mauvaise humeur.
Des débats écourtés. La réunion qui devait durer deux jours a finalement été terminée au bout de six heures, cérémonies incluses. Rarement un Sommet ne fut aussi court. Aucun des problèmes importants concernant la sécurité et une Force commune n’a été abordé.
Des conditions d’hébergement spartiates voire indignes. L’intendance n’a pas suivi. Les potentats arabes habitués aux Palaces n’ont guère pu être reçus à Nouakchott dans des conditions qu’ils jugent dignes de leur rang. Les formidables recettes pétrolières et minières de la Mauritanie de 2010 à 2014 n’ont pas été utilisées pour doter la capitltale d’un équipement hôtelier minimum qui soit digne de ce nom.
Du coup, beaucoup de délégations étrangères n’ont passé que la journée à Nouakchott, en préférant se replier sur le Maroc, notamment à Agadir, pour y passer la nuit. Le ministre libanais s’est même ouvertement plaint de cette organisation déficiente. Manifestement, le lait de chamelle pris sous la Rhaima n’était pas la tasse de thé de ces ddiplomates venus du Moyen Orient.