Proche du clan présidentiel, l’ambassadeur d’Algérie en France, Abdelkader Mesdoua n’a guère la cote à l’Elysée. Sur fond de malentendus grandissants entre la France et l’Algérie sur les principaux dossiers du moment.
De Ramtane Lamamra, l’ancien ministre des Affaires étrangères qui officie aujourd’hui à l’ONU et pour qui le président français, Emmanuel Macron, a une grande estime, à Abdemalek Sellal, l’ex-Premier ministre qui a perpétué à Paris les nombreux réseaux créés par l’ancien DRS (services algériens), plusieurs responsables politiques de premier plan seraient volontiers brigué, voici un an, la fonction prestigieuse d’ambassadeur d’Algérie à Paris.
Mais après des mois d’incertitudes et de rumeurs, cette sinécure enviée a finalement été attribuée à un illustre inconnu, Abdelkader Mesdoua, deux fois ambassadeur en Afrique. Un signe, parmi d’autres, de la dégradation des relations entre les deux pays, alors que sous la présidence de François Hollande, les présidents français et algérien s’entendaient à merveille
Un déficit de notoriété
Abdelkader Mesdoua, proche collaborateur d’Abdelkader Messahel, le Ministre des affaires étrangères, avait déjà servi comme ambassadeur en Serbie et au Nigéria, où son fils a d’ailleurs développé de nombreux réseaux.
Une certitude, ce diplomate n’a guère réussi, depuis son installation en France, à combler ce déficit de notoriété. Du coté des proches d’Emmanuel Macron, on estime que « l’ambassadeur d’Algérie s’occupe principalement des problèmes de la diaspora ». En d’autres termes, on le trouve à l’Elysée peu présent sur les grands dossiers du moment: la Libye, les migrants, le G5 Sahel….
Un axe Alger/Rome ?
Cet effacement du principal représentant de l’Algérie en France ne favorise guère l’élaboration de politiques communes. La région sinistrée du Sahel focalise beaucoup des incompréhensions entre les deux pays.
Peu à peu, le pouvoir algérien qui n’a jamais vraiment accepté les interventions militaires françaises dans la région sub saharienne privilégie d’autres partenariats. Ainsi, note le magazine en ligne « TTU », « l’Algérie s’abstient de critiquer les dernières initiatives italiennes au Sahel, notamment l’envoi d’une mission militaire au Niger ». En effet un détachement italien, composé de trois unités de reconnaissance, serait déjà arrivé, il y a une semaine, dans le sud de la Libye. Il aurait transité, sans l’aval de la France considérée comme le chef de file des européens dans la sous région, par la région de Djanet, dans le sud-algérien (wilaya d’lllizi) et devrait bientôt entrer au Niger.
On sait à quel point Alger s’oppose au projet, promu par la France, de création de la force G5 Sahel, à laquelle contribuent cinq pays de la région (Niger, Burkina Faso, Tchad, Mali et Mauritanie) afin de lutter contre les groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne. L’Algérie reproche notamment à la France de ne pas prendre de mesures empêchant la circulation des membres du Mouvement national pour la libération de l’Azawad entre le nord-est du Mali et le sud de la Libye, qui «menaceraient la stabilité dans la région». Enfin Alger soupçonne les services de renseignement français d’armer les Toubous dans le sud libyen. Toujours d’après l’Algérie, cette politique partisane de Paris augmenterait le risque d’affrontements entre les Toubous et les Touaregs, notamment au sujet du contrôle du trafic d’armes et de migrants.
Tunisie, la stabilité avant tout
Le seul dossier où Paris et Alger travaillent en bonne intelligence est l’avenir politique de la Tunisie. En effet les deux pays estiment devoir soutenir l’actuel gouvernement du Premier ministre Youssef Chahed, allié avec les islamistes du mouvement Ennahdha et seul garant, selon Paris et Alger, d’une certaine stabilité dans un pays plus vulnérable que jamais. Tout arrêt du processus démocratique tunisien, né en 2011 au départ de l’ancien président Ben Ali, embraserait, selon les diplomaties française et algérienne, toute la région.