Pour cette nouvelle tournée africaine, qui a débuté ce lundi 25 juillet au Cameroun pour sepoursuivre au Bénin, le président français sera accompagné des ministres des Affaires étrangères, des Armées et des Relations extérieures ainsi que de la secrétaire d’État chargée du développement. L’Élysée dit vouloir « garder le fil du renouvellement de la relation de la France avec ses partenaires africains ».
Le président français est ce mercredi 27 juillet au Bénin, où il sera reçu en fin de matinée par son homologue, le président Patrice Talon. Les deux hommes visiteront ensuite l’exposition consacrée aux 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey restituées par Paris en novembre dernier. La culture sera donc au menu de ce déplacement, tout comme les questions sécuritaires.
Quelle étrange idée aura eu Emmanuel Macron de débuter la première tournée africaine de son deuxième quinquennat par le Cameroun, un pays qui détient la médaille d’or de toutes des dérives des régimes en place: un président, Paul Biya, très âgé et totalement diminué, qui est au pouvoir depuis plusieurs dizaines d’années et qui passe l’essentiel de son temps à se soigner en Suisse; une succession arbitrée par le clan familial au pouvoir (voir l’article ci dessous); un régime camerounais mis en cause par les grandes ONG pour ses atteintes répétées contre les droits humains; une caricature de régime francophone, qui règne avec brutalité sur les régions anglophones; un pillage des ressources pétrolières jamais démenti depuis l’époque, pas si lointaine, où Charles Pasqua, figure emblématique de la Françafrique, avait fait du petit Cameroun sa cagnotte personnelle.
Dans un contexte de perte sensible de l’influence française dans son pré carré africain, ce déplacement est présenté comme privilégiant « les zones d’intérêts stratégiques ». L’obsession du président français et de ses conseillers est ne pas perdre davantage de terrain, sans s’interroger pour autant sur les graves erreurs des interventions de la France dans ses anciennes colonies, notamment au Mali et en Centrafrique.
Emmanuel Macron ne semble pas réaliser que justement ces liens privilégiés aves deux régimes autoritaires, l’un au crépuscule, l’autre en construction », desservent justement la cause de la France en Afrique. C’est la victoire posthume de Jean Yves Le Drian, le ministre qui parlait à l’oreille des dictateurs africains et qui a régné pendant dix ans, hélas, sur la politique africaine de la France comme ministre de la Défense puis des Affaires Etrangères sous Hollande puis Macron. Or son héritage en matière de conduite des dossiers africains ne semble pas être remis en cause.
La Françafrique, le retour
« Le retour de l’autoritarisme est une tendance de fond en Afrique mais nous ne l’inverserons pas en nous pliant à des injonctions contradictoires où la critique de s’afficher au côté d’un pouvoir répond la critique symétrique de ne pas s’impliquer et de laisser la place à d’autres », tente de plaider un conseiller de l’Elysée auprès du journal « Le Monde », tout en revendiquant un traitement « sans injonctions médiatiques » des questions relatives aux droits humains et à l’Etat de droit suscite des interrogations.
Nous voici retournés à vingt ans en arrière quand Jacques Chirac, en voyage dans la Tunisie de Ben Ali privée de liberté, déclarait que le premier droit humain était de manger à sa faim! Nous voici revenus aux pratiques les plus éculées de la diplomatie tricolore où la France fermait les yeux sur les atteintes aux principes démocratiques, tout en pressant ses alliés africains de de conformer à des calendriers électoraux devenus une véritable mascarade. Nous voici enfin avec Emmanuel Macron aux commandes en train d’afficher des idées apparemment progressistes sur le passé colonial de la France ou la nécessaire restitution du patrimoine culturel africain, mais sans jamais poser publiquement la question des libertés publiques.
Ce n’est pas le contient africain qui refuse d’entrer dans l’Histoire, comme l’avait prétendu Nicolas Sarkozy. Ce sont bien les dirigeants français qui considèrent les peuples africains comme mineurs et indignes d’une vie démocratique pleine et entière.
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