Comment imaginer le village franco-africain sans notre cher ami Eric Grégoire disparu brutalement voici deux semaines à Abidjan. Avec son physique athlétique, son sourire généreux, sa bonne humeur légendaire, cet intercesseur entre la France et l’Afrique n’apparaissait nulle part. On ne retrouve guère son nom sur Internet, ou alors par hasard et sans plus de détails sous l’apellation de « consultant » en Cote d’Ivoire où il vivait. Son décès, inexpliqué à ce jour, n’aura fait l’objet d’aucune brève dans le moindre journal.
Homme de l’ombre par modestie ou par nécessité, on ne sait trop et au fond cela importe peu, Eric était d’abord dans le contact immédiat, dans l’instant qu’on partage, chaleureux, dans le plaisir d’une rencontre, dans l’échange gratuit. A l’africaine. Aux antipodes d’une Françafrique qui pèse chacun à l’aune de son statut et son argent.
Un faiseur de paix
Eric l’Africain était connu de tous ceux qui cherchent à comprendre l’Afrique: les diplomates sur place ou à Paris, au Quai d’Orsay ou à l’Elysée, les grands groupes français, les services secrets très certainement, même s’il n’était pas très disert sur ses innombrables contacts au coeur de l’Etat. La recherche de compromis honorables, la circulation des informations, la connaissance de l’autre et l’absence de tout ressentiment guidaient un rôle discret de faiseur de paix ici et là bas.
Eric entretenait des liens très amicaux avec de nombreux journalistes, qu’il n’hésitait jamais à aider d’une analyse ou d’une adresse, toujours friand d’une information, d’un bon mot, d’un souvenir.
Au service d’une vision gaullienne.
Eric était habité par une volonté de croire encore à une France généreuse qui aurait inventé un partenariat confiant avec ses anciennes colonies. Ce dessein l’avait rapproché de nombreux personnalités africaines, qu’il connaissait de longue date, intimement, mais aussi des amis d’Alain Juppé, d’experts de tous les bords. Il était tolérant et incisif à la fois, jugeant moins les hommes que les systèmes, ennemi de tous les conformismes.
Ce sont des hommes libres comme Eric qui forgent encore, entre la France et l’Afrique, un tissu vivant et espérons le indestructible.
Nous adressons toutes nos condoléances attristées à la famille d’Eric.