L’émission islamique du dimanche sur France 2, « Vivre l’Islam », a été longtemps sous la tutelle ses services algériens.
Le poste de recteur de la Mosquée de Paris est occupé depuis des lustres par l’inamovible Dalil Boubekeur, ce moine patelin qui n’a pas son pareil pour servir à la classe politique française des discours modérés qu’elle attend. Mais les prétendants au trône sont nombreux. Deux d’entre eux occupent des fonctions importantes à l’émission musulmane du dimanche sur France 2, « Vivre l’islam », plus un fromage pour pseudo spécialistes de l’Islam qu’un vivier de figures religieuses: maitre Chemdeddine Hafiz, avocat, et Ghaleb Bencheikh, présentateur. Ces deux là attendent leur heure. Avec les nouveaux équilibres de pouvoir à Alger, il n’est pas certain qu’ils voient leurs espoirs comblés
Marigot algérien
Dès la campagne pour le quatrième mandant de Bouteflika, les deux Rastignac affutent leurs armes. En avril 2014, Ghaleb Bencheikh s’en est pris durement à maitre Chemseddine Hafiz qui venait de participer à une émission sur LCP en tant que « coordonnateur des comités de soutien à Boutéflika en France ». Bencheikh protesta au nom de la « laïcité », en soulignant que les engagements politiques de Hafiz le disqualifiaient à régenter une émission religieuse sur une chaîne de service public dans un Etat laïque.
Mais cette protestation ne convainquit personne. L’ami Bencheikh lui même s’était exprimé lors d’une réunion électorale organisée à Paris par les partisans d’Ali Benflis, le principal rival de Bouteflika dans la dernière élection présidentielle qu’a connue l’Algérie. Ce qui en limita la portée, notamment auprès des autres membres de l’association « Vivre l’Islam »/
Pourtant depuis le limogeage, le 13 septembre 2015, du géénral Toufik, le tout puissant patron du DRS (services secrets algériens) les langues se délient au sein de « Vivre l’islam ». On déplore la maigreur des contenus religieux de l’émission. Abderrahim Hafidi, présentateur de l’émission, est, et Ghaleb Bencheikh, pour une fois d’accord, dénoncent ouvertement les dérives de l’émission. « De très nombreux responsables, explique l’un d’eux, ne doivent leur présence qu’à l’alliance objective entre Nicolas Sarkozy et le DRS algérien.
Le DRS aux commandes
Il est vrai que maitre Hafiz, qui a longtemps fait la pluie et le beau temps à l’émission religieuse de France 2, a toujours bénéficié de la protection de celui qui fut le puissant monsieur DRS à Paris jusqu’en 2010, l’ex-colonel Bendaoud. Protecteur des intérêts financiers de la promre mçre de Bouteflika en Suuisse avant d’être nommé à Paris, ce militaire a tenté depuis l’ambassade d’Algérie à Paris, de régenter tout l’Islam algérien en France. Bendaoud avait réussi à faire admettre son protégé, maitre Hafiz, au sein de la Société des Habbous de la mosquée de Paris. Le tout pour mieux contrôler Dalil Boubakeur, qui était déja cornaqué, disons le, par ule numéro deux de la Mosquée qui appartient, lui aussi, aux services algériens.
Longtemps Nicolas Sarkozy, alors actif ministre de l’Intérieur, qu’on appelait dans les milieux musulmans “le ministre des “affaires” islamiques”, fit entrer son « ami » Hafiz à l’émission religieuse. Il le recommanda en effet à Christophe Baldelli, directeur de France 2, qui avait été son collaborateur au ministère du Budget durant les années Balladur.
Par cette nomination sans réelle procédure de consultation, Sarkozy entendait compenser l’échec de sa tentative de le nommer recteur de la Mosquée à la place de Dalil Boubakeur qui, après avoir été coopté (à défaut d’être élu) président du premier Conseil Français du Culte Musulmans en avril 2003, refusa tout net la proposition ministérielle de s’occuper du nouveau Conseil à plein temps.
Secret de polichinelle
Le parachutage de Hafiz à l’émission fut suivi de marchandages qui aboutirent au recrutement de Djelloul Béghoura, qui était à la recherche d’un point de chute depuis la suppression de « Mosaïques », l’émission de FR3 pour immigrés, où il était réalisateur. Touies ces négociations marécageuses eurent lieu sous l’égide du DRS algérien. Les liens de Béghoura avec les généraux-majors Mohamed Touati et Mohamed Médiène, dit Toufik, relèvent maintenant du secret de Polichinelle.
La Tunisie n’avait pas été oubiée. Le recrutement de Faouzia Zouari, sœur d’un certain Abderrahim, qui fut plusieurs fois ministre de Ben Ali, avait pour but de mettre à profit les bonnes relations qu’entretenait cette journaliste avec Leïla Trabelsi, dans l’espoir d’obtenir des financements via les plus généreux parmi les frères de la « régente de Carthage ». Un projet de chaîne satellitaire fut porté, sans succès, par Hafiz et Béghoura. Lesquels estimaient que la petite émission islamique n’était pas à leur mesure, ni surtout du gout de leurs puissants protecteurs.
Il s’agissait alors de convaincre les pouvoirs autoritaires irrités par le ton d’El Djazira d’aider à lui faire pièce par le lancement d’une chaîne franco-maghrébine, plus « laïque » et, surtout, moins critique.
Tous ces calculs médiocres ont été balayés par le printemps arabe, puis par le démantèlement du DRS algérien. Avec l’espoir d’une nouvelle donne au sein des intitututions représentatives de l’Islam en France.