Fin avril 2024, une délégation russe conduite par le Directeur Général de la Maison russe à Bangui, Dimitri Sytyi, s’est rendue à Kouango, localité située dans la préfecture de la Ouaka. Sytyi y aurait mené des négociations avec des éléments anti-balaka positionnés à Lissara, une localité située 30 kilomètres plus loin sur l’axe Ndjoukou.
Les usagers et les commerçants de la voie fluviale Bangui – Mobaye connaissent hélas bien ce village qui est un lieu de racket lors de leur périple. Malgré les tracasseries qu’ils pouvaient faire subir aux voyageurs lors de leur passage, ces éléments n’avaient jamais été impliqués dans des affrontements contre les forces armées centrafricaines ou leurs alliés russes.
Pourtant, de retour à Bangui début mai, les organes de communication de la Maison russe à Bangui alimentent les journalistes locaux de manière triomphaliste annonçant avoir scellé un « accord pour la paix et la réconciliation ». La méthode russe pour ramener la quiétude est assez simple, elle consiste ni plus ni moins à soudoyer certains de ces éléments qui se disent « anti balaka » et les intégrer purement et simplement dans l’armée nationale centrafricaine. Un certain nombre d’entre eux ont donc été emmenés à Bangui par les mercenaires russes pour y être formés, prélude de leur intégration dans les Forces Armées Centrafricaines (FACA)…
Les Russes font dans l’humanitaire
Dans la foulée, Dimitri Sytyi s’est rendu à Obo dans le Haut-Mbomou, où il a organisé une distribution d’une aide humanitaire savamment mise en scène par son service de communication. Là encore, la visite du chef des éléments Wagner en RCA consacre l’incorporation des jeunes issus de la milice locale « Azandé Ani Kpi Gbé » dans les rangs des FACA. Une cérémonie d’intégration supervisée par le général Mbetibangui, a eu lieu le 1er mai 2024 à l’issue d’une formation dispensée à la hâte par les instructeurs russes.
Une centaine de miliciens qui se sont rebaptisés « Wagner ti Azandé » ont ainsi troqué leurs armes de fortune pour des kalachnikovs et des uniformes neufs, arborant sur l’épaule la tête de mort et le W du groupe de mercenaires russes. Leur intégration dans les rangs des FACA ne rassurent pas et beaucoup craignent que le respect des droits humains passe au second rang dans cette région en proie à l’insécurité.
Ces vagues d’intégration dans l’armée régulière centrafricaine décidées par les Russes semblent être la méthode consacrée pour s’attirer les faveurs de milices locales devenues embarrassantes. Celles-ci prêtent ainsi allégeance au régime en place et à leur protecteurs russes. Cela permet au russe de dérouler une communication bien huilée sur leur rôle majeur supposé dans le retour à la paix dans ces localités reculées de Centrafrique…