CDI, Donaid Trump joue contre son camp

En sanctionnant la Cour pénale internationale, Donald Trump a envoyé un signal fort : la justice internationale est tolérée tant qu’elle vise les pays du Sud, mais devient inacceptable lorsqu’elle s’attaque à des alliés occidentaux, en particulier Israël. 

Depuis sa création, la Cour pénale Internationale (CPI) a surtout jugé des responsables africains, suscitant de nombreuses critiques dans les pays du Sud sur le « deux poids, deux mesures » tant pratiqué par l’Occident. Mais avec l’émission de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, la colère est venue de  Washington.

Les sanctions économiques et les interdictions de séjour contre le personnel de la CPI prises par décret du 6 février 2025, sont entrées en vigueur le 16 mai. Elles visent toute personne coopérant avec la Cour dans ses enquêtes concernant des ressortissants américains ou alliés, notamment israéliens. Cette décision, saluée par Netanyahou comme une défense d’Israël contre une cour « antisémite », a été dénoncée par de nombreux observateurs comme un coup porté à la justice internationale et à la lutte contre l’impunité.

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump cible la CPI. En 2018, lors de son premier mandat, John Bolton, son conseiller à la sécurité nationale, avait, prononcé un discours très virulent contre l’organisation de la Haye, la qualifiant « d’inefficace, d’illégitime, d’irresponsable et de dangereuse. » Cette attaque s’inscrivait dans le contexte où la procureure de l’époque, Fatou Bensouda, venait de demander l’autorisation d’ouvrir une enquête sur des crimes de guerre présumés commis en Afghanistan, notamment par l’armée américaine. Bolton avait alors clairement menacé : si la CPI poursuivait des Américains, des Israéliens ou d’autres alliés des États-Unis, Washington prendrait des mesures de rétorsion. Mais à cette époque, ce tribunal jugeait Laurent Gbagbo et les Africains étaient vent debout contre cette justice internationale. La saillie de Bolton avait été plutôt bien accueillie. Aujourd’hui la situation est différente : il n’y a plus de grandes personnalités du continent dans les geôles de la Haye et les massacres et la famine à Gaza émeuvent le monde entier.

En agissant ainsi dans ce contexte, Trump renforce le sentiment d’injustice et d’hypocrisie dans de nombreux pays du Sud. Ce double standard alimente un rejet croissant de l’Occident et fragilise la crédibilité d’un ordre international fondé sur le droit.

 



[Message tronqué]  Afficher l’intégralité du message