La visite-éclair effectuée le mardi 29 décembre 2015 par le président ivoirien Alassane Ouattara à Ouagadougou où il a pris part à l’investiture de son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré n’a pas apaisé les tensions entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sur les écoutes de Guillaume Soro et l’extradition de Blaise Compaoré. Au contraire, Ouattara est même reparti fâché de Ouagadougou.
Présent mardi 29 décembre à l’investiture à Ouagadougou du nouveau président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, son homologue ivoirien Alassane Ouattara était très attendu par les Burkinabé depuis que les relations déjà compliquées entre les deux voisins après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, se sont dégradées avec la tentative de coup d’Etat avortée perpétrée le 17 septembre dernier par le général Diendéré. En effet, l’affaire des écoutes téléphoniques entre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, et le général de gendarmerie, Djibril Bassolé, accusé d’atteinte à la sûreté de l’État dans le putsch manqué, et le mandat d’arrêt international lancé contre l’ancien président Blaise Compaoré pour son implication présumée dans l’assassinat en octobre 1987 du chef historique de la révolution burkinabè Thomas Sankara ont refroidi les relations entre Abidjan et Ouaga.
Hamed Bakayoko, en démineur à Ouaga
Dans un souci de détente, le président Ouattara avait dépêché pour déminer le terrain, avant son voyage au Burkina Faso, son ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko, réputé proche de Roch Kaboré. L’opération n’a visiblement pas servi à grand-chose. Car le nouveau président burkinabé a choisi dans son discours d’investiture de charger très violemment Blaise Compaoré : « Les graves problèmes de gouvernances qui ont failli plonger le pays dans la guerre civile ont des causes et des responsables, a-t-il martelé. En toute humilité, chacun doit reconnaître et assumer sa part de responsabilité et éviter les fuites en avant inutiles. C’est pourquoi, la vérité et la justice doivent être préalablement recherchées pour que la paix des coeurs décuple nos énergies afin que nous soyons capables de nous pardonner effectivement et sincèrement« .
Signe de son agacement après cette charge contre Compaoré, le président Ouattara n’a pas pris part à la photo de famille avec la dizaine des chefs d’États présents à l’investiture du mardi 29 décembre à Ouagadougou.
Dans l’entourage de Roch, on feint la surprise de voir Ouattara s’agacer des comptes demandés à Compaoré, en rappelant que lui-même n’a pas hésité à extrader son pire ennemi, Laurent Gbagbo à la cour pénale internationale suite à la crise post-électorale de 2011 qui a fait environ 3000 victimes.