Barkhane, les 1200 Tchadiens venus en renfort quittent le navire

Le décès d’Idriss Déby est une véritable catastrophe pour la présence militaire française au Sahel. Les 1200 soldats tchadiens, arrivés en renfort le mois dernier, quittent la zone des trois frontières, base arrière du terrorisme sahélien, pour rentrer à N’Djamena

La disparition d’Idriss Déby plonge d’ores et déjà le Sahel dans l’inquiétude. L’armée tchadienne a toujours été considérée comme un pilier de la force du G5 Sahel. Le contingent tchadien, même si sa réputation est surfaite, s’est toujours révélé comme le plus combattif au sein des forces engagées contre le terrorisme aux cotés des Français dans le cadre de l’opération Barkhane (1). Or la triste réalité, la voici: les 1200 soldats tchadiens qui venaient de gagner le mois dernier la zone des Trois frontières, base arrière des groupes terroristes, sont en train de faire leurs bagages et de repartir vers N’Djamena, nous indiquent plusieurs sources sur place.

Une douche froide

C’est évidemment une douche froide pour le pouvoir à Paris  qui comptait sur
ces renforts pour lancer une grande offensive avant la fin du printemps. L’objectif aurait été de porter un coup aux groupes armés et de remporter ainsii une victoire médiatique contre le terrorisme. Cette action militaire d’envergure devait précéder un retrait partiel de l’armée française du Sahel qui pourrait ainsi se faire avec tous les honneurs.

Autre souci pour Emmanuel Macron, le QG de l’opération Barkhane se trouve précisément à
N’djamena. Dans quelles conditions le commandement de Barkhae pourra rester au Tchad? Personne ne peut aujourd’hui se risquer à l’afffirmer!

Les 1200 soldats qui repartent à N’Djamena cherchent sans aucun doute à défendre cet État militarisé qu’ils ont servi pendant les trete ans de règne de Driss Déby. Mais auprès de quelle faction de l’armée se rangeront-ils? Aux cotés de la junte militaire créée par Mahamat Idriss Déby, le fils de l’ancien chef d’état, qui prétend aujourd’hui concentrer tous les pouvoirs? Ou au contraire rejoindront-ils les futurs opposants au fils Déby au sein de l’appareil sécuritaire?.

Ces derniers mois, l’armée tchadienne était en proie à de nombreuses tensions. Plus que jamais, les événements en cours qui voient une espèce de succession monarchique se mettre en place vont aiguiser les rivalités.

Vers d’inévitables purges !

La mort de celui qui rêgna sur le Tchad depuis trente ans ainsi que la disparition brutale 
d’au moins dix généraux tombés lors des derniers combats laissent un vide politique abyssal. Le pire est à venir. Quels que soient les nouveaux maitres du palais de Ndjamena, l’armée tchadienne dont les officiers appartiennent tous ou presque àl’ethnie des Zagawas, celle de feu le président Déby, n’échappera pas à
une purge. Sous peine, sinon, sinon d’implosion. Et ce d’autant qu’au sein même de cette ethnie dominante, les
dissensions sont nombreuses.

L’image du Tchad, rempart contre le terrorisme au Sahel, telle que l’a vendue Jean Yves Le Drian, successivement ministre de la Défense puis des affaires Etrangères de Hollande pis de Macron, risque d’en prendre un coup dans les semaines qui viennent!

(1)L’opération Barkhane est une opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, qui vise à lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel. Lancée le 1ᵉʳ août 2014, elle remplace les opérations Serval et Épervier.

L’armée française en opération au Tchad avec Driss Déby le jour de sa mort