Plus qu’une image, c’est tout un symbole. Le 28 mars dernier, Abdelaziz Bouteflika recevait le président congolais Denis Sassou-Nguesso, en visite à Alger. L’entretien est cordial et Bouteflika tente à tout prix de prouver qu’il survit encore et toujours à sa maladie qui le terrasse depuis des années. C’est la deuxième apparition publique du chef de l’Etat algérien après celle du 19 mars dernier où il a rencontré le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelakder Messahel.
Audience annulée
Une entrevue organisée spécifiquement pour démentir les rumeurs de sa mort qui avaient affolé les Algériens sur les réseaux sociaux. Bouteflika est donc bel et bien en vie et continue de « diriger » l’Algérie. Mais il ne reçoit plus aucun officiel français. Cette « interdiction » semblait être fantaisiste, mais elle vient de se confirmer lors de la visite du Premier ministre français Bernard Cazeneuve, à Alger. Jeudi après-midi, Cazeneuve a achevé une visite de travail de deux jours en Algérie, qui s’inscrit « dans le cadre de la tradition de concertation instaurée entre les deux pays », pour reprendre la terminologie de la diplomatie algérienne.
Pendant deux jours, Cazeneuve a rencontré le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal et des membres du gouvernement. Pas moins de dix accords et mémorandums d’entente ont été signés en deux jours principalement dans les secteurs de l’énergie et des énergies renouvelables, l’agroalimentaire, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Un détail protocolaire a toutefois gâché le bon déroulement de cette visite. Selon nos informations, une audience était prévue entre Bouteflika et Cazeneuve. La partie française avait demandé de rencontrer le Président algérien pour éclaircir plusieurs dossiers liés à la Libye et aux investissements français bloqués en Algérie. L’audience a cependant été annulée dans la discrétion la plus totale. Bernard Cazeneuve est reparti d’Alger bredouille.
Bras de fer Alger-Paris
La santé de Bouteflika l’a-t-elle empêché de rencontre le Premier ministre français ? Pas du tout. Une source très proche de la Présidence algérienne assure que « le président Bouteflika et sa famille ne veulent plus de rencontre avec des hauts responsables français depuis l’affaire du tweet de Valls. Le Président et sa famille se sentent trahis par les politiques français qui instrumentalisent la santé chancelante d’Abdelaziz Bouteflika pour arracher des compromis à l’Algérie ». Une véritable interdiction de rencontrer le Président a été imposée aux officiels français » certifie encore la même source très bien renseignée.
Cette mesure reflète le bras-de-fer qui oppose l’Algérie à la France dans certains dossiers conflictuels. Les français se plaignent des blocages de leurs affaires en Algérie, tandis que les algériens réclament davantage de considérations et de projets productifs aux français. Le malentendu dure depuis de longs mois et seul le candidat Emmanuel Macron a promis des gestes concrets en direction d’Alger s’il est élu à l’Elysée. En attendant, Bouteflika boycotte les hauts responsables français et son entourage impose un contrôle strict de son image pour éviter des fuites dans les médias de l’Hexagone.