A Alger, la déception est immense. Cette année encore, Abdelaziz Bouteflika n’a même pas été sélectionné parmi les 376 candidatures choisies par l’Institut Nobel. Et pourtant, un fort lobbying a été mis en place pour que le jury du Nobel de la Paix sélectionne au moins le nom du Président Algérien. La chef de file de ses partisans, Farida Sellal, la femme du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a mobilisé tout son réseau dans la société civile algérienne ainsi que ses contacts l’étrangers où elle compte de nombreux amis notamment en Europe elle qui active depuis plusieurs années dans la défense et la préservation du patrimoine des Touaregs. Plusieurs de ses relais lui ont promis que le nom d’Abdelaziz Bouteflika sera soufflé dans les oreilles du Jury norvégien du Prix Nobel de la Paix. Une pétition internationale a été largement diffusée avec l’appui des médias algériens affiliés au cercle présidentiel.
Pour Farida Sellal, l’influente dame qui gère les affaires du clan Sellal dans les coulisses, la nomination d’Abdelaziz Bouteflika aurait été un magnifique coup de marketing pour son mari, Abdelmalek Sellal, qui espère toujours rentabiliser sa fidèle allégeance à Bouteflika dans cette course à la succession qui l’oppose à plusieurs autres potentiels candidats au trône d’El-Mouradia. Farida Sellal s’est démené pour faire du bruit autour de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika au prix Nobel de la paix. Un vieux rêve que le clan présidentiel algérienne caresse depuis des années afin d’inscrire le nom de Bouteflika définitivement sur les registres de l’histoire.
Même malade et diminué, impuissant et incapable de diriger, Abdelaziz Bouteflika demeure toujours convaincu qu’il est un personnage important de l’histoire. Depuis son accession au pouvoir, il a toujours confié à son entourage que son oeuvre mériterait la reconnaissance internationale. La charte pour la paix et la réconciliation, en vigueur depuis 2005, qui a permis à l’Algérie d’en finir avec une décennie de feu et de sang fait la force de son CV de Chef d’Etat. Mais sa candidature au Prix Nobel de la Paix n’a jamais suscité un consensus national en Algérie. Au sein du régime, beaucoup d’acteurs et de pions n’ont pas voulu appuyer cette initiative pour la simple raison que la « mégalomanie » du seigneur Bouteflika fait terriblement peur à ses adversaires.
Une reconnaissance internationale lui aurait permis de s’accaparer d’encore plus de pouvoir durant les années 2008 ou 2009. Aujourd’hui, après avoir vaincu ses ennemis de l’institution militaire et de la sécuritocratie du DRS, il espère terminer sa vie avec un sacre à Oslo. Ses partisans le savent et Farida Sellal mène la bataille pour réaliser le « rêve » du Président. Mais ni ses contacts ni ses amis en Europe n’ont pu lui exaucer son voeu. Le bilan controversé de Bouteflika et sa longévité au pouvoir dissuadent le jury du Nobel de la Paix de lui accorder la moindre considération. Les Sellal doivent choisir un autre « cadeau » pour espérer une place sur le podium de la succession du vieux Abdelaziz Bouteflika.