Confrontée à la chute des prix du pétrole et à la faiblesse de la prospection, la société pétrolière algérienne Sonatrach a nommé à sa tête un technocrate indépendant et consensuel
Enfin, la société nationale qui fait vivre l’Algérie a finalement un PDG ! Unanime, la presse algérienne a salué la nomination d’Amine Mazouzi, bientôt cinquante ans, à la tête de la Sonatrach. Secouée par d’importants scandales financiers, la compagnie pétrolière algérienne connait depuis plus de six ans une valse de PDG intérimaires dont la seule activité est de gérer la non décision. Ainsi la Sonatrach a pris un retard énorme sur son plan de développement, sans parler des contentieux qui s’accumulent et entachent la réputation de la compagnie algérienne pourtant classée mondialement parmi les douze premières. A croire avec l’ouverture du procès dit de la Sonatrach 1, dimanche prochain, qu’une page sera tournée. Du moins espérons le car le sujet n’est pas tant que justice soit rendue dans un tribunal qui examinera les cas de présumés corrompus sans pour autant désigner les corrupteurs. Un peu à l’inverse de procès de l’autoroute est-ouest où des corrupteurs ont été condamnés sans pour autant montrer du doigt les corrompus.
Un homme intègre
Nommé à la tête de la Sonatrach depuis moins d’un mois, Amine Mazouzi doit remettre cette société stratégique en état de marche. Son parcours inspire le respect. L’ingénieur centralien quitte Paris avec son diplôme en poche pour travailler en Algérie, en 1993 alors que le pays vit sa plus noire période terroriste, au moment où de nombreux cadres algériens font le chemin inverse. Fils de Mohamed-Said Mazouzi, ancien ministre du Travail sous Boumédiène et surtout militant nationaliste de la première heure qui a connu les prisons coloniales de 1945 à 1962, Amine a aussi la réputation d’être intègre.
Parmi ses premières décisions attendues, le règlement des contentieux est une priorité afin de renouer des contrats sur des bases nouvelles. La société d’ingénierie française Technip fait partie des compagnies internationales qui n’arrivent pas à finir proprement leurs contrats. Les torts sont sans doute partagés mais il y va de la réputation de la Sonatrach qui se doit à aboutir à de bons compromis. Bénéficiaire du projet de l’extension de la raffinerie d’Alger évalué à plus d’un milliard d’Euros, Technip est revenu à cette occasion sur le marché algérien après une quinzaine d’années d’absence suite à un long procès. Aussi, le nouveau PDG a d’ores et déjà remplacé le DRH de la Sontrach dont la gestion du personnel répondait à une logique clientéliste. En interne, le défi de Mazouzi est de mobiliser ses cadres dont un grand nombre est déjà débauché par des compagnies étrangères qui offrent des salaires autres que ceux de la grille de la fonction publique. Précisons qu’un haut cadre dirigeant ne touche pas plus de l’équivalent de 3000 euros par mois alors qu’il a théoriquement le pouvoir de signer des contrats de plusieurs centaines de millions de dollars. Résister à la tentation nécessite des efforts surhumains. Enfant de la Sonatrach, Amine Mazouzi annonce une gestion transparente et ce sous la tutelle de son nouveau ministre, Salah Khebri un quinquagénaire, autre enfant de la Sontrach, société qui génère plus de 90% des devises du pays.