Combien ça rapporte à la France de vendre son âme aux Séoudiens ? Officiellement dix milliards d’euros de contrats. Sauf que la réalité des chiffres est plus modeste
Dès mardi dernier, après sa déshonorante visite à Riyad, Manuel Valls, le Premeir ministre français, a claironné sur twitter le montant de son panier de la ménagère. Tout cela est honteux, mais qui plus est un gros mensonge. Pour faire passer la pilule, l’enterrement de ces droits humains qui sont, par ailleurs, le crédo du PS versus SFIO, il fallait bien mettre une grosse tare dans la balance, dire « d’accord la liberté et la justice, la démocratie sont des paillassons sur lesquels nous nous frottons les pieds, mais ça rapporte gros et ça permet de donner de l’emploi aux travailleurs ». Et c’est faux.
Monnaie de singe
Ces milliards sont du vent, des jetons de casino. Ces chiffres inventés représentent, d’une part, les transactions déjà signées avec l’Arabie depuis de longs mois, et de l’autre tous les mirages de celles évoquées mardi dernier au souk de Riyad. Détaillons un peu.
1. Les Saoudiens ont depuis belle lurette paraphé pour 2 milliards et 400 millions d’accords avec des PME française, dans différents types d’industrie. Puis, se développe déjà à l’ombre de La Mecque, une unité de biochimie évaluée à 800 millions. Voici 3 milliards et 200 millions qu’il s’agit de retirer du twitt de Manuel Valls.
2. Passons aux mirages. Le reste ? Les 500 millions de patrouilleurs maritime pour le bon roi Salman ? C’est encore un bégaiement, une redite de l’histoire puisque le sublime Fabius a déjà annoncé cette nouvelle en juin et que rien n’est encore définitivement signé. Comme ces marchands à la sauvette qui vendent des presses légumes sur le trottoir, Valls fait de la magie.
3. Enfin les « 4 milliards pour un marché de satellites », c’est juste pour jeter un œil sur un marché qui peut très bien filer ailleurs. Délivrer de l’électricité à Djedda ? C’est une affirmation aussi venteuse que les pales d’une éolienne. Rien de signé non plus. Et il en va de même pour le métro de Riyad.
Ainsi fonctionne la mystification : pour justifier l’injustifiable, la vente des Droits de l’Homme à une dictature monarchique, les fausses factures et leurs « dix milliards » s’imposent.