L’Iran au bord de l’effondrement économique

FILE - In this photo released by the official website of the office of the Iranian supreme leader, Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei speaks during a meeting with a group of Basij paramilitary force in Tehran, Iran, on Nov. 26, 2022. Iran summoned the French ambassador on Wednesday, Jan. 4, 2023, to condemn the publication of offensive caricatures of Supreme Leader Khamenei in the French satirical magazine Charlie Hebdo. (Office of the Iranian Supreme Leader via AP, File)

Lorsqu’en août 2022 le nouveau président iranien a pris ses fonctions, un dollar américain s’échangeait contre 26 000 tomans. Dix huit mois plus tard, le cours de la monnaie a chuté de presque 100 %.

Pour obtenir un dollar US aujourd’hui, il faut à iranien débourser 50 000 Tomans ! C’est peu dire que le pouvoir d’achat des iraniens s’est effondré depuis l’avènement d’Ebrahim Raïssi. La paupérisation galopante touche toutes les provinces du pays, à tel point qu’une grande majorité de la population vit dans le dénuement le plus total.

Rouhollah Hazratpour, membre du parlement, s’est fait l’écho de l’inquiétude qui gagne certains religieux aujourd’hui : « Nous devons nous inquiéter de la subsistance [du peuple] et malheureusement même d’un repas [par jour] de cette grande nation. L’inflation est si répandue dans ce pays que le travail a franchi le fossé entre les vallées et les classes. » Même si elle ne montre qu’un aspect du processus de déclin du régime, la chute de la valeur de la monnaie du pays est un signe clair de l’effondrement économique en cours. Au sein du régime, certaines personnes font le constat, amer, de cet effondrement général accéléré du système et tentent den avertir les autres.

Un courrier alarmant au Guide suprême

Un économiste proche du gouvernement, Mohsen Renani, explique dans un article publié le 26 février, qu’il a d’abord essayé de prévenir Ali Khameneï, en lui adressant un courrier. Son entreprise n’ayant pas eu l’écho escompté, il a alors pris la décision de publier une lettre ouverte. En préambule, Mohsen Renani prend soin de justifier son acte. Selon lui, la publication de cette ouverte doit servir à réveiller les dirigeants du pays. Avouant dans son article que “l’opportunité de la réforme d’en haut a été perdue“, Renani espère encore que l’Iran d’en haut saura mener sa propre révolution afin d’éviter qu’il ne soit trop tard et que la “révolution d’en bas“ ne se produise naturellement. Selon ses propres termes, l’économiste « espère toujours que cette structure coupée de la réalité commencera une « révolution d’en haut ». »

Sans surprise, la pauvreté nourrit la colère. L’augmentation des prix des produits de première nécessité a dépassé les 100 %. Quant au chômage, son taux est au plus haut et ne cesse de croître. Pour couronner le tout, la corruption systématique du gouvernement, telle une gangrène, recouvre le maillage du pays et la discrimination à l’égard des femmes et des minorités religieuses et ethniques s’intensifie chaque jour.

Avec une 80 % des Iraniens sous le seuil de pauvreté, la résistance se renforce chaque jour qui passe. Parfaitement organisée avec ses unités de résistance formée et pilotée par les Moudjahidines du peuple (principale formation du CNRI[i]), elle joue un rôle déterminant, dans la rue comme dans les sphères politiques internationales et assure la poursuite de la révolution. Le régime ne nie pas l’importance de l’OMPI[ii] et reconnaît la puissance grandissante des Moudjahidines.

Une sortie de crise politique?

Le régime doit lutter sur les deux fronts ; éteindre l’incendie social et économique et maîtriser la résistance. Or, la bataille semble perdue d’avance, et sur les deux fronts. Côté économique, il ne pourra rien.  Sur un plan politique, l’état devrait mettre fin à la corruption rampante et intégrer un minimum de démocratie pour relancer sa croissance. Encore lui faudrait renoncer à la discrimination à l’égard des femmes et reconnaître les droits des minorités. Impossible car totalement inconstitutionnel. Le moindre changement dans a constitution de ce régime théocratique le conduirait à sa perte inéluctable. Toute forme de lutte réelle contre la corruption, toute forme de normalisation avec l’Occident, toute forme d’élévation sociale détruira le régime.

Le régime devrait focaliser toute son attention sur le CNRI, afin d’essayer de désactiver le second moteur de la révolution ; la résistance organisée. Seule solution ; tenter de discréditer le CNRI aux yeux de l’opinion publique internationale et les Moudjahidines du peuple sur le terrain. C’est pour cette raison que nous voyons fleurir partout dans le monde une campagne politique de diabolisation et de désinformation dirigée contre et le CNRI et sa composante principale, l’OMPI.

Cette campagne coordonnée par le régime atteint aujourd’hui des dimensions astronomiques. L’objectif, faire croire aux occidentaux comme au peuple iranien qu’il n’existe aucune alternative politique aux mollahs, validant de par le fait l’impossibilité d’un renversement. Bien sûr, il existerait une éventuelle possibilité ; le retour du Shah, un retour bidonné et piloté depuis le palais présidentiel à Téhéran. En effet, un tel choix serait incompréhensible pour quiconque a connu la férocité de la monarchie du Shah.

Rien à perdre

Tous ces efforts consentis par le guide suprême et les gardiens de la révolution ressemblent à s’y méprendre à un baroud d’honneur avant implosion. Les deux camps restent intransigeants. Ali Khameneï, une longue maladie et un âge canonique, tuera jusqu’à son dernier souffle.

Au final, les deux camps n’ont plus rien à perdre.

[i] Conseil National de la Résistance Iranienne

[ii] Organisation des Moudjahidines du Peuple Iranien