La hausse des prix des produits alimentaires de base consécutive au renchérissement du prix des hydrocarbures marque le début d’une onde de choc sur l’ensemble du Moyen Orient, y compris certains pays producteurs de pétrole.
Irak. La valeur du dinar irakien ayant fortement chuté par rapport au dollar sur les marchés des changes non officiels depuis la mi-novembre, les prix de la nourriture se sont envolés. Sentant monter la colère de la population irakienne, le Premier ministre irakien Mohammed al-Sudani a limogé le gouverneur de la banque centrale et a nommé Muhsen al-Allaq qui avait déjà occupé ce poste entre 2014 et 2020.
Le dinar irakien ayant fortement chuté par rapport au dollar, les prix des produits importés ont donc fortement augmenté entrainant dans leur hausse les produits de base comme les œufs, la farine et l’huile de cuisson. Les Irakiens ordinaires dont M. Sudani courtise le soutien sont donc obligés de se serrer la ceinture.
De nombreux Irakiens accusent les États-Unis de la faiblesse du dinar. A juste titre, car pour parer au siphonage par l’Iran des dollars disponibles sur le marché irakien, la Fed de New York et la Banque centrale d’Irak ont commencé à appliquer des contrôles plus stricts sur les transferts en dollars des banques commerciales irakiennes. C’est ce blocage qui a entrainé la chute du dinar irakien par rapport au dollar.
Egypte. L’Égypte est l’un des plus grands importateurs de blé au monde. Mais la hausse des prix a placé les importateurs et les moulins du secteur privé dans l’incapacité de payer les centaines de milliers de tonnes de blé acheminées dans les ports. Ce qui a provoqué une flambée des prix du pain et de la farine.
Parallèlement, la monnaie a perdu près de 50 % de sa valeur depuis mars 2021, ce qui a obligé le gouvernement égyptien à se faire lui-même boulanger. Le gouvernement égyptien qui fournit déjà du pain fortement subventionné à plus de 70 millions de ses 104 millions de citoyens a commencé d’élargir au reste de la population, l’accès aux produits à prix réduit.
Les gens pourront acheter des pains de 90 g au prix coûtant (1 livre égyptienne soit 0,03 dollar) en utilisant des cartes prépayées. Les projets de réduction des subventions ont été reportés car la pénurie de devises et l’inflation ont été exacerbées par les retombées de la guerre en Ukraine.
Israel. L’inflation a atteint 5,3 % en novembre, son plus haut niveau depuis octobre 2008. Pour réduire l’impact de la hausse des prix sur la population, Israël prévoit d’annuler ou de réduire les récentes hausses des impôts fonciers, de l’eau et de l’énergie. Parmi les mesures annoncées figurent la subvention du prix de l’essence, le gel de l’impôt foncier et la réduction des hausses attendues du coût de l’électricité et de l’eau.
Turquie. Six chaînes de supermarchés en Turquie ont bloqué les prix de milliers de produits en janvier. Ces mesures sont intervenues après que le président Erdoğan a accusé les distributeurs d’accélérer l’inflation. Les chaînes Şok, Migros, CarrefourSA, A101, BİM, Happy Center ont donc bloqué les prix de milliers de produits en janvier, notamment les prix des produits alimentaires de base. L’inflation pourrait dépasser les 40% cette année, ce qui handicape les chances de Recep Tayip Erdogan d’être réélu.
Iran. Le rial n’en finit plus de toucher le fond ce qui fait exploser les prix des denrées alimentaires de base sur les marchés. La monnaie iranienne répercute les sanctions imposées au pays par les grands pays occidentaux, le blocage des exportations de pétrole et la désorganisation de l’économie due aux manifestations qui perturbent la vie politique depuis septembre 2022.
Liban. La guerre en Ukraine arrivant après des années d’instabilité politique, après la pandémie de COVID-19 et après l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, a placé le pays au bord de l’effondrement. Une contraction économique massive et continue dans le temps, combinée à une dévaluation de 95 % de sa monnaie, a amené la disparition de la classe moyenne libanaise. Dans une publication récente sur l’augmentation de la faim et de la pauvreté au Liban, Human Rights Watch (HRW), affirme que « des millions de personnes au Liban ont été poussées dans la pauvreté et ont réduit leur alimentation ». HRW a souligné les tendances inquiétantes de l’insécurité alimentaire dans la tranche de revenus la plus faible.