Le procès en appel du milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz s’ouvre lundi à Genève, après avoir été condamné, en janvier 2021, à cinq ans de prison pour corruption d’agents publics étrangers et faux dans les titres. Beny Steinmetz est soupçonné d’avoir voulu mettre la main sur la plus grosse réserve mondiale de fer en Guinée? Ce qui lui vaut de faire l’objet d’une mise en cause acharnée par un autre milliardaire, l’américain Georges Soros, via les innombrables ONG et medias que ce dernier subventionne.
Par Ian Hamel, à Genève
La Guinée, son fer, la corruption, les ex présidents Alpha Condé et Nicolas Sarkozy et surtout les deux milliardaires Beny Steinmetz et Georges Soros en guerre ouverte…Un tribunal helvète (1) devrait être, à partir de ce lundi, le théâtre d’un formidable feuilleton sur l’industrie minière en Afrique et en l’espèce en Guinée.
La question posée, la voici: la Suisse va-t-elle, pour la première fois de son histoire, réussir à faire condamner en appel un milliardaire considéré en première instance comme le patron d’un réseau de corruption internationale ? Daniel Kinzer, l’avocat du milliardaire franco-israélien, a déclaré dans le quotidien suisse « Le Temp »: que le premier jugement « rattache les faits à la Suisse de façon artificielle et dresse un portrait caricatural et faux de Beny Steinmetz, comme nous le montrerons en deuxième instance »
À priori, l’affaire paraît simple. En 2008, la société Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) obtient le droit d’exploiter les blocs 1 et 2 du gisement de fer de Simandou, en Guinée. Pour faciliter l’opération et d’après les accusations portées contre lui, Beny Steinmetz aurait distribué des pots-de-vin à Mamadie Touré, la quatrième épouse du président guinéen, le général Lansana Conté. L’argent aurait transité par des sociétés et des comptes en Suisse. Il s’agit, certes, d’une méthode classique pour faire du business en Afrique. Ce qui est moins courant, c’est qu’une guerre des bakchichs sans précédent empêche la mine de fer, encore aujourd’hui, d’être exploitée. Ce qui prive la population guinéenne de centaines d’emplois et de ressources fiscales considérables.
George Soros au coeur
Seulement voilà. En 2010, pour la première fois de son histoire, la Guinée élit démocratiquement un président, Alpha Condé. Il jouit alors d’une excellente réputation internationale. Ami en France de Bernard Kouchner, il est présenté en Occident comme un démocrate, et même un socialiste. Alpha Condé s’appuie aussitôt sur le milliardaire américain, d’origine hongroise, George Soros, et sur l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair pour annoncer un nouveau code minier.
Le permis est retiré au groupe BSGR. En 2013, une commission rogatoire internationale est adressée en Suisse, où Beny Steinmetz réside avec sa famille. « Les sommes versées à titre de pots-de-vin selon l’acte d’accusation s’élèvent à environ 10 millions de dollars, dont une partie a transité par des comptes en Suisse », écrit le Ministère public genevois le 12 août 2019.
L’intervention de Nicolas Sarkozy
La justice genevoise retient les infractions de corruption d’agents publics étrangers et de faux dans les titres contre le milliardaire franco-israélien. Faux dans les titres car Beny Steinmetz et deux autres prévenus sont accusés d’avoir fabriqué des faux contrats et des fausses factures « pour cacher aux banques et aux autorités que BSRG finançait le paiement de pots-de-vin ». Tout aurait été plus simple sans l’intervention de l’ancien président Nicolas Sarkozy, redevenu avocat d’affaires. Il parvient à réconcilier Beny Steinmetz et Alpha Condé.
Cet incroyable revirement est révélé dans l’édition du Monde du 23 août 2019. « Cela durait depuis trop longtemps, la procédure risquait de traîner encore et de nous coûter des millions de dollars en avocats. Elle décourageait aussi les investisseurs de s’intéresser à Simandou », explique l’ancien président guinéen.
Une culbute financière de 3 000 %
Cette étrange réconciliation complique la tâche de la justice genevoise. Si la Guinée ne reproche plus rien au milliardaire franco-israélien, que vient faire la Suisse dans cette galère ? Cela n’a toutefois pas empêché le palais de justice de condamner lourdement Beny Steinmetz en première instance à une peine privative de liberté de 5 ans et à une « créance compensatrice de 50 millions de francs suisses »… en faveur de l’État de Genève. En appel, à partir du 29 août, la défense plaidera l’acquittement.
L’agence de communication Havas, qui défend les intérêts du fondateur de BSGR, compte bien tordre le cou à ce qui a été présenté comme le « hold-up du siècle ». Le groupe de Beny Steinmetz, qui n’aurait dépensé que 160 millions de dollars pour deux concessions à Simandou, aurait ensuite revendu 51 % de ses actions au Brésilien Vale pour 2,5 milliards, soit une culbute financière de… 3 000 %. En fait, Vale n’aurait finalement versé que 500 millions de dollars.
Un pot-de-vin de 1,25 milliard
Par ailleurs, la défense compte bien enfoncer l’image de l’ancien président Alpha Condé, déjà fort dégradée. Loin d’être le sauveur de la Guinée, il aurait réclamé à son tour des pots-de-vin pour que les entreprises minières conservent leurs concessions. Il aurait demandé initialement à BSGR « de payer 1,25 milliard pour pouvoir rester en Guinée. Refus. Le montant est descendu à 50o millions. Des négociations parallèles et secrètes avec Vale ont porté, elles, sur 250 millions. Nouveaux refus ». Les avocats de Beny Steinmetz apporteront-ils la preuve de ce chantage ? Ils insisteront aussi sur la chasse aux sorcières qui a suivi le refus de BSGR. « Des accusations de corruption ont été proférées. Les ONG financées par Soros ont fait en sorte que de grands médias internationaux fassent circuler les rumeurs et les soupçons », souligne un document en notre possession.
George Soros, juif mais antisioniste, et Beny Steinmetz, actif dans la défense d’Israël, seraient des ennemis mortels bien avant l’affaire des gisements de Simandou. Tous les coups sont donc permis pour ce procès en appel. Nous avons ainsi reçu un document cherchant à mettre gravement en cause le comportement de George Soros durant la Seconde Guerre mondiale. Et pendant tout ce temps-là, pas un gramme de fer ne sort de Guinée.
(1) Il serait d’ailleurs plus juste de parler du seul canton de Genève et non pas de la Confédération
Nicolas Sarkozy ne quittait plus la Guinée