Les affaires sont une priorité pour la France. Et lorsque le business des entreprises françaises est frappé de plein fouet par des décisions politiques en Algérie, les réseaux politiques français se mobilisent pour sauver la mise.
C’est dans cet esprit que Laurent Fabius a accompli une visite à Alger le jeudi 2 février. Officiellement, il a été invité en sa qualité de président du Conseil constitutionnel français par son homologue algérien, Mourad Médelci. Cependant, à Alger, Laurent Fabius ne s’est pas contenté de parler des conventions constitutionnelles. Selon nos sources, lors d’une longue réunion qui en présence du premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, d’importants dossiers économiques ont été abordés concernant notamment les investissements français bloqués en Algérie.
Peugeot, pomme de discorde
Le cas de l’usine Peugeot dont le dossier dort toujours dans le tiroir du ministère de l’Industrie algérien a été largement commenté par Fabius et Sellal. Officiellement, les autorités algériennes affirment qu’il est en cours d’études pour validation. Officieusement, l’Algérie favorise ouvertement les autres constructeurs concurrents comme Hyundai, Volkswagen ou Suzuki et bientôt d’autres marques chinoises. Pour Alger, l’objectif est de travailler avec des fabricants qui n’ont pas d’investissements dans les autres pays de la région notamment le voisin ennemi marocain. Avec Volkswagen par exemple, l’usine algérienne pourra exporter vers les autres pays africains dès que le marché national sera satisfait. Ce que les autres marques françaises comme Renault ou Peugeot ne semblent guère privilégier dans leurs stratégies, préférant faire du Maroc leur base-arrière pour leurs exportations.
Un choix qui contrarie fortement Alger d’autant plus que Peugeot va financer 95 % de son implantation au Maroc contrairement à l’Algérie, à qui l’entreprise demande un niveau de financement considérable. Laurent Fabius a fait de son mieux pour calmer la colère d’Alger et débloquer ce projet stratégique pour l’avenir de l’industrie automobile française.
De nouvelles négociations seront entamées en 2017 et une solution arrangeant les deux parties sera étudiée, a promis le premier ministre Sellal. Ce dernier a fait un geste en faveur de Paris en assurant que l’Algérie va commander des trains français chez Alstom pour la bagatelle de 200 millions d’euros. L’Algérie qui va s’offrir des trains de marchandises chez le constructeur américain EMD fait un geste pour s’offrir ainsi l’amitié de la France. Une amitié qui souffre encore des orages économiques puisque Alger demande toujours plus à Paris et Paris espère toujours plus d’avantages de la part d’Alger. Une véritable impasse.