Dans une note du service économique de l’Ambassade de France au Congo datée du 8 février 2018, les experts tricolores s’inquiètent de la détérioration fulgurante de la situation économique congolaise. Le FMI et l’entourage du président Sassou aussi !
Les experts occidentaux, mais aussi les plus lucides des conseillers du président Sassou, craignent que le Congo Brazzaville ne s’enflamme pour de bon si le pouvoir ne prend pas conscience de la situation réelle de la vie des congolais. Les chiffres d’une économie minée par la corruption et la médiocrité sont accablants. La dette publique, d’après les services de l’Ambassade de France, qui ont commis une note assassine sur le sujet, avoisinent les 110% du PIB -soit 8 milliards d’euros.
Chez les diplomates français comme chez les tètes d’oeuf du FMI, une certitude s’impose: le chef de l’Etat, qui n’est resté au pouvoir qu’au prix d’une brutale répression lors des dernières élections présidentielles, doit remettre en cause sa propre gouvernance et ne peut pas se contenter de changer de fonctions une poignée de ministres.
Pour l’instant, comme le prouve la note du service économique de l’ambassade de France au Congo datée du 8 février, à laquelle Mondafrique a eu accès, le redressement de la situation financière du pays tarde sérieusement. Certes, le président Sassou s’est empressé d’appliquer la potion traditionnelle que le FMI recommande aux pays malades. « La loi de finances 2018, tout juste votée par le parlement, note la mission su service économique qui a réalisé un certain nombre d’entretiens à Brazzaville du 23 au 26 janvier, est caractérise par un budget d’austérité destiné à reconstituer les réserves de devise du pays ».
Seulement voila, les mauvaises habitudes demeurent, notamment le dérapage des dépenses du clan présidentiel, les réformes sont reportées et l’avenir sacrifié. »Le pays, notent toujours les diplomates français, ne dispose pas de fonds souverain tout au plus un fond de stabilisations des recettes budgétaires et un fonds pour les générations futures censé limiter l’impact des chocs pétroliers, mais qui ne sont que des coquilles vides, les décrets d’application n’étant jamais sortis »
La gabegie encore et toujours
La pays ne s’étant jamais doté des canaux étatiques transparents, les détournements de fonds, orchestrés par les plus proches du président Sassou, notamment le Ministre de l’aménagement du territoire et des grands travaux congolais, Jean Jacques Bouya, qui aurait reçu 400 millions de dollars rient qu’à Dubaï (voir le papier ci dessous), sont légion. « Des négociations avec les grands traders (Glencore,Ttrafigura…), ont bien été engagées, note toujours le service économique de l’ambassade de France, mais trainent en longueur« , malgré l’espoir de récupérer 1,8 milliard d’euros. La raison de ces retards n’est pas un secret. Les partenaires pétroliers du Congo Brazzaville ne valent pas mieux que les ministres du Président Sassou.
Dans la situation inédite que connait le Congo, le FMI devient l’ultime espoir de l’opposition pour forcer le régime à un peu de rationalité. Les gendarmes de Washington ont ainsi sommé le régime d’entamer des réformes structurelles et d’accroitre la transparence. Peine perdue! La gabegie continue de plus belle.
Au point que même le contrôle général de l’Etat congolais, aux mains des hommes de confiance du pouvoir congolais, a découvert que la Présidence multipliait les passes droit pour la famille. Les dépenses de déplacement ont explosé et la sur facturation de services sont impressionnantes … Le rapport est tellement alarmiste qu’il a stupéfait le nouveau ministre d’Etat et directeur de cabinet, Florent Ntsiba. Le malaise augmente le Président et son proche entourage alors que le pays semble s’enfoncer un peu plus chaque jour ..
Certes, le baril de pétrole est bien remonté et la production augmente…Le taux de croissance de 0,7% qui est retenu pour 2018 par le gouvernement congolais après des années de récession ( -4,6% en 2017, -3,1%en 2016) fait le pari d’un redressement durable du prix de l’or noir. Le calcul est risqué et l’euphorie, selon les experts, pourrait bien n’être que provisoire. La fin de l’hiver à laquelle le Congo est confronté marque toujours une chute du cours, les Etats-Unis augmentent leur production et l’offre n’est pas très élastique. Les nouveaux gisements ne seront sont prêts pour l’explorations qu’en 2019. Et encore, il est prévu un important arrêt technique du gisement de Nkossa, un des principaux du pays.
Rendez vous ratés
La diversification des activités très en vogue aujourd’hui aurait du être lancée voici des années, demandera du temps: trois à cinq ans pour le secteur minier; cinq à six ans pour un véritable programme agricole, pastoral et agroalimentaire.
Le projet « Eco Oil » pour relancer la production d’huile de palme est certes ambitieux sur le plan économique. IL pourrait aider les populations locales à retrouver de l’emploi. Mais ce plan va à l’encontre des engagements sur l’environnement du président Sassou qui lui valent de marquer quelques points à l’international…
Dans de telles conditions, l’accord que le FMI finira sans doute par reconduire en avril avec le Congo risque d’être « un compromis a minima », pour reprendre les termes de la note du service économique de l’ambassade de France. Histoire au moins de garantir une certaine stabilité de la sous région.
Riche en ressources, le Congo est perçu comme le boulet qui pourrait entrainer l’Afrique centrale vers plus de récession et de misère. Merci Sassou !
L’interview de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, par M. Zenga Mambu :
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