Interrogé par le média libanais Ici Beyrouth dimanche 19 décembre 2021, l’ancien président français François Hollande a livré son regard sur la Syrie ravagée par une guerre civile qui dure depuis dix ans et dont la France a été un acteur, notamment dans la lutte contre le groupe État islamique.
En août 2012, le président des États-Unis Barack Obama avertit le « régime Assad, mais aussi à d’autres acteurs sur le terrain » que « le moindre mouvement ou emploi d’armes chimiques » aurait « d’énormes conséquences » et constituerait une « ligne rouge ». Un an plus tard, cette ligne était franchie. En août 2013, le président syrien Bachar el-Assad bombardait la banlieue de Damas avec… des armes chimiques. Et finalement…pas de réponse des Occidentaux. Le président Obama, de même que le Premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande ont tous les trois fait machine arrière. Interrogé par le média libanais Ici Beyrouth, ce dernier revient sur ce moment d’avril 2013.
« Une défaite pour l’Occident »
Il reconnaît que si la France et ses alliés avaient procédé à ces frappes contre les installations syriennes, « il n’y aurait pas eu la création de l’’État islamique’ et de groupes radicaux en Syrie et une prise sur la population ». « Si Barack Obama avait fait le choix que j’étais prêt à partager, nous aurions sans doute fait partir Bachar el-Assad à terme. Mais puisqu’il n’y a pas eu ce coup d’arrêt, on voit ce qui s’est produit : l’’État islamique’ et Bachar el-Assad », explique l’ancien président français.
« L’EI a été éradiqué par la coalition que nous avons constituée, mais Bachar el-Assad s’est affirmé sur une partie de la Syrie, la Syrie utile », dit François Hollande, estimant que c’est « d’une certaine façon, une victoire pour les Russes. Une victoire pour les Iraniens, et une défaite pour l’Occident et, au-delà de ses intérêts géostratégiques, une défaite pour l’idée que l’on se fait des droits humains, puisque Bachar el-Assad a massacré son peuple et a utilisé des armes chimiques, puisqu’il continue encore à agir », poursuit-il.
« La renaissance des empires »
« Il faut intervenir au moment où c’est nécessaire », assure l’ancien président français. Il met également en garde. « Si nous n’intervenons pas d’autres le feront à notre place. Et on voit bien ce qui se passe dans la région. Comment l’Iran arrive à porter un certain nombre d’actions et avoir des résultats ». L’ex-locataire de l’Élysée fait ici référence aux supplétifs que la République islamique a déployé en Irak, en Syrie, au Liban, mais aussi au Yémen.
François Hollande évoque également une « renaissance des empires ». Il prend l’exemple de l’Iran, de la Turquie, mais aussi de la Russie. « Ces trois empires se partagent cette partie-là de la région », affirme-t-il Le Liban est un exemple de cette « renaissance ». Car, outre l’influence de l’Iran via le Hezbollah, la Turquie en exerce aussi une dans le nord du pays.
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