Ainsi donc le marathon pour l’élection du directeur général de l’Unesco s’est terminé en début de soirée du 13 octore 2017, par la victoire, par 30 voix contre 28 voix, de la Française Audrey Azoulay contre le Qatari Abdulaziz Al-Kawari.
Cette victoire française est peut être une victoire à la Pyrrhus.
L’Unesco se remettra difficilement de la profonde division du camp arabe ayant conduit à la perte du poste de directeur général, qui était pourtant promis à un État arabe. Le Qatar, pour qui ce poste était essentiel, pourrait ne pas se contenter de féliciter la France.
La victoire incontestable de la diplomatie française, aidée par celles du Maroc et de l’Union européenne, pourrait aussi avoir des conséquences dans les relations internationales de la France. La candidature, de dernière minute, de la franco-marocaine, proposée par un président Hollande dans ses cartons de départ de l’Élysée, n’avait guère été appréciée par de nombreux États et organisations internationales, comme l’Union africaine et la Ligue arabe.
Déjà privée des contributions des Etats Unis d »Amérique et d’Israël, l’Unesco va connaître un certain désintérêt des Etats arabes. Le gouffre financier pourrait s’approfondir.
La crise entre le Qatar et le Quartet (Arabie Saoudite, Égypte, Émirats et Bahrein) va se trouver amplifiée après l’affrontement fratricide entre le candidat du Qatar et celle de l’Egypte. Le Liban qui croyait profiter de cette opposition frontale est également très amer de la tournure de cette élection qui revient à la France.
Les dégâts collatéraux de la victoire diplomatique française seront probablement plus importants que les bénéfices escomptés. Il faudra tout le talent de Jean-Yves Le Drian auprès de ses amis arabes et du président tchadien Idriss Deby Itno pour apaiser les rancoeurs afin de ne pas compliquer davantage la politique du président Macron au Moyen-Orient et en Afrique.