Même la non décoration du patron du pôle sécuritaire chérifien, que François Hollande avait promis pourtant de remettre de ses propres mains, n’arrive pas obscurcir les retrouvailles franco marocaines. Il faut dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Seine depuis la tentative des flics français d’interpeller le grand chef de la police marocaine. Des eaux pas toujours claires certes, mais qui ont bien fait tourner les moulins du royaume. Mohammed VI n’a plus besoin que l’on décore son sécuritaire numéro 1, puisque deux journalistes français qui ont par le passé commis des livres-scandales sur le monarque chérifien ont été pris par la patrouille en flagrant délit de chantage. Une eau bénite pour le pouvoir marocain, qui peut se passer pour le moment des sacrements d’une légion d’honneur promise au premier flic du royaume.
Même Rachida Dati fut de la fète! L’ancienne ministre de Sarkozy avait su longtemps rester discrète lors de la visite de François Hollande à Tanger, mais elle a été trahie par la photo publiée par l’agence officielle marocaine du déjeuner donné par le roi en l’honneur du président français dans la résidence royale. Rachida Dati y apparait bien esseulée au bout de la table, du côté de Jamal Debbouz et de Jack Lang. L’ancienne garde des Sceaux de Sarkozy aura été imposée par le protocole royal qui y voit un symbole de la réussite des « Marocains du monde » qu’une femme politique engagée à droite. o
L’Islam partagé
Pour acter la reprise des relations entre le France et le Maroc, une France très chatouilleuse sur la gestion de son espace cultuel, a décidé de confier la formation d’une cinquantaine de ses imams au pays du commandeur des croyants. C’est la première fois que les autorités françaises prennent le risque de froisser Alger, gestionnaire de fait de la Mosquée de Paris et allié de cœur du pouvoir socialiste.
La « décontraction totale » qui a présidé, selon plusieurs sources officielels, les échanges entre les deux chefs d’Etat lors de leur rencontre à Tanger, est conforté par un partenariat économique qui pourrait être cité en modèle pour les autres pays d’Afrique et de la région MENA. La France a su faire du Maroc une plate-forme avancée pour son industrie automobile, à travers la présence de Renault et de Peugeot-Citroën dans le royaume. Elle est aussi entrain de faire du Maroc, une vitrine de ses prouesses technologiques dans le domaine ferroviaire. La ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca qui devrait voir le jour en 2018, verra l’arrivée pour la première fois en Afrique du TGV. Une technologie française reconnue mondialement et qui cherche au-delà de la Méditerranée des débouchées salvatrices.
Aujourd’hui donc, une page est tournée et une autre est ouverte dans l’histoire sinueuse des relations maroco-françaises. Elle est plus décomplexée et surtout axée sur une coopération réaliste et win-win.