Le journaliste Olivier Dubois otage au Mali: un coup dur pour l’Élysée

Olivier Dubois, journaliste notamment pour « Libération » et « le
Point Afrique » est otage du Groupe de soutien à l’Islam et au Musulmans
(JNIM) depuis le 8 avril dernier.

Dès le premier jour, sa disparition avait
été connue de l’ambassade de France et de tous les chercheurs,
journalistes qui suivent le Sahel de près. Ils ont, et c’est tout à leur
honneur, respecté une forme d’embargo sur cette information pour ne pas
nuire aux recherches en cours. C’est finalement sur les réseaux que la
nouvelle a été divulguée à l’aube de ce 5 mai.

Après le décès brutal d’Idriss Déby, le chef d’état tchadien,  c’est un
nouveau coup dur pour l’Elysée qui pensait après la libération de Sophie
Pétronin n’avoir plus aucun otage dans le monde. Selon des sources de
Mondafrique, Emmanuel Macron aurait eu un accès de colère noire
lorsqu’il a appris la nouvelle. Un nouvel otage dans le Sahel en début
d’une campagne électoral présidentielle n’est jamais de bons présages…


Un journaliste de terrain

Dans une vidéo de quelques secondes, Olivier Dubois apparaît sous une
toile de tente, en forme, avec une barbe naissante, habillé d’un boubou
clair, il déclare être otage du Groupe de soutien à l’Islam et aux
musulmans (JNIM). Le journaliste en appelle à sa famille, à ses amis et
aux autorités françaises : « pour qu’elles fassent tout ce qui est en
leur pouvoir pour me faire libérer. » Olivier Dubois travaillait au Mali
depuis une année, il était venu couvrir les élections législatives du
printemps 2020 et dans la foulée était resté pour, ironie du sort,
enquêter sur l’enlèvement, par le même groupe armé djihadiste de
l’opposant, Soumaïla Cissé.

Martiniquais, Olivier Dubois avait
l’avantage de passer plus inaperçu et de pouvoir se rendre sur des
terrains auxquels les journalistes de type « caucasiens » n’ont plus
accès, précisément à cause du risque d’enlèvement. Quelques jours avant
sa disparition, il s’était rendu en pays Dogon, pour réaliser un long
reportage sur la milice Dan Na Ambassagou et son chef Youssuf Toloba.

Un rendez vous en forme de traquenard

C’est dans la foulée de ce reportage qu’Olivier Dubois est parti pour
Gao où il devait rencontrer un haut cadre djihadiste. Mission impossible
? De par son travail sur les otages, dont la française Sophie Pétronin,
libérés finalement en octobre 2020 contre rançons et élargissement de
plus de 200 djihadistes, Olivier Dubois était très au fait de ces
questions. Il connaissait parfaitement le « business des enlèvements »,
les modes opératoires et n’en ignorait pas non plus les motivations
politico-militaires. Il n’est donc pas parti la fleur au fusil et a dû
recevoir des assurances solides pour accepter de se rendre à ce
rendez-vous, qui aura finalement tourné au guet-apens.


L’Elysée pour le moins contrarié

D’autant que cette nouvelle prise d’otage est intervenue peu après le
sommet de Ndjamena où Emmanuel Macron avait désigné le chef du JNIM,
Iyad Ag Ghali et son allié, le patron de la Katiba Macina, Hamadou Koufa
comme ennemis publics numéro 1 de la France. Iyad Ag Ghali avait dès
lors tout intérêt à reconstituer un vivier d’otages, de préférence
français, à la fois pour se protéger et pour ouvrir un nouveau canal de
négociations.  De ce point de vue, Olivier Dubois en tant que
journaliste est une belle « prise », qui assure au JNIM une large
médiatisation.

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