Le premier ministre algérien, Aymen Ben Abderrahmane a lancé en 2022, pour présider avec son homologue tunisienne Najla Bouden des projets communs très ambitieux.
Le 8 février 1958, l’armée française bombardait le village Tunisien de Sekiet Sidi Youssef à quelques kilomètres du territoire algérien, causant 79 morts, dont 11 femmes et 20 enfants, et 130 blessés. La Tunisie, avec subtilité, ouvrait son sol à la presse internationale pour documenter sur place la tragédie et portait plainte à l’ONU, ce qui a permis d’internationaliser davantage la cause algérienne. Le gouvernement américain déclara être « profondément troublé». Ce fut le début de la fin pour l’occupation française de l’Algérie.
Si les liens historiques entre la Tunisie et l’Algérie sont indéniables, les relations bilatérales entre les deux voisins semblent avoir du mal à se concrétiser. La Tunisie devrait avoir foi en son potentiel économique et, avec l’aide de l’Algérie, œuvrer rapidement à mettre en place un véritable partenariat stratégique commun. Récemment, à l’issue de la visite du président Algérien Abdelmajid Tebboune à Tunis du 14 au 16 décembre 2021, l’Algérie a octroyé un prêt de 300 millions de dollars à son voisin. Si le geste, largement médiatisé, est important, il est loin de répondre aux besoins financiers actuels de la Tunisie, d ‘autant plus que le déficit commercial avec l’Algérie est d’environ 2,8 milliards de dinars tunisiens annuels en raison des importations de gaz et de pétrole.
Des déclarations d’intention
Alger a bien conscience que la question économique et sociale est fondamentale pour la stabilité de la Tunisie et, partant, pour la sécurité nationale de l’Algérie. D’où les appels répétés à la mise en place d’un partenariat économique entre les deux pays. Le 1er novembre 2021, à l’occasion de la célébration du 67ème anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne, le président Tebboune a insisté sur la pleine disposition de son pays à « renforcer les relations bilatérales avec la Tunisie pour atteindre un partenariat stratégique global et durable.”
De son côté, le 25 novembre 2021, la cheffe du gouvernement Tunisien Najla Bouden a effectué une visite à Alger durant laquelle elle a souligné “la volonté des dirigeants des deux pays d’élever les relations au niveau d’un partenariat stratégique solide et durable, en réponse aux aspirations des deux peuples frères.”
Mais qu’en est-t-il réellement ? Ce fameux partenariat stratégique va-t-il enfin se concrétiser ? Et quelle forme prendrait-t-il ?
De bonne source, les conseillers économiques de la présidence algérienne seraient en train de travailler sur une série de projets. En voici les principaux :
- La restructuration de la raffinerie de Bizerte via une coentreprise tuniso-algérienne. La Tunisie a une production d’environ 40 000 barils par jour, le pétrole brut et le pétrole raffiné représente moins de 5 % des exportations totales de marchandises en 2019. Dans ce cadre, la raffinerie de Bizerte, est un atout non exploité et négligé. La Société tunisienne des industries du raffinage (Stir) date de 1961, vu que la durée de vie moyenne d’une raffinerie est de quarante à cinquante ans, les faibles montants investis pendant des années, sont insuffisants pour refaire fonctionner convenablement la raffinerie. Une coentreprise avec l’Algérie pourrait transformer la raffinerie de Bizerte en une plaque tournante sécurisée d’approvisionnement maritime pour les bateaux en transit, et ainsi rentabiliser la position géographique stratégique de Bizerte.Ce projet se concrétiserait par un co-partenariat entre la SNDP (Société nationale Tunisienne de distribution des pétroles) et la SONATRACH (Société nationale Algérienne pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures)
- Une coentreprise entre la STEG (Société tunisienne de l’électricité et du gaz) et SONELGAZ (Société nationale Algérienne de l’électricité et du gaz)La ville de Sakiet sidi Youssef, a eu droit de la part de l’Algérie, à l’alimentation en gaz naturel depuis 2019. Une coentreprise entre la SONELGAZ et la STEG élargirait cette expérience au nord-ouest tunisien, améliorant ainsi l’attractivité de la région et préparerait le terrain à d’éventuels investissements.
- Une coentreprise avec la SNCPA (Société nationale Tunisienne de cellulose et de papier alfa ) afin de restructurer et moderniser l’usine de Alfa de Kasserine pour en faire une entreprise rentable et réduire son impact négatif sur l’environnement.
- Une technopole dans le gouvernorat de Tozeur au sud Tunisien, à la frontière avec la ville de Oued Souf en Algérie. Un accord de partenariat entre le gouvernorat de Tozeur et Oued Souf avait été signé en 2016 stipulant le renforcement de la coopération et du partenariat dans plusieurs domaines (agriculture, commerce, tourisme, culture) entre les deux régions. Oued Souf est en train de devenir le nouveau grenier de l’Algérie avec un projet pilote de fertilisation du Sahara. Un million d’oliviers ont été plantés sur 3000 ha, outre la phœniciculture, les cultures maraîchères, condimentaires et fourragères. Mettre en place un projet similaire dans la ville Tunisienne de Tozeur pourrait ouvrir des marchés communs aux agriculteurs des deux pays et avoir un impact économique important. Au niveau du tourisme, il serait judicieux de dynamiser le rôle des visiteurs algériens dans le renforcement de l’activité touristique à Tozeur. Le nombre de passagers dans les deux sens en 2017, à travers le poste Frontalier de Hezoua avait surpassé le million de personnes
- Un accord d’échange de devises serait aussi parmi les propositions algériennes. Ce type d’accord consiste à échanger des montants déterminés de devises avec l’Algérie en contrepartie de l’équivalence en dinars tunisiens. Emprunter de l’Algérie en dollars pour payer en dinars Tunisiens ! Une mesure semblable fut activée au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001 entre la Banque centrale européenne et la réserve fédérale américaine pour préserver la continuité des paiements internationaux. De même en 2007, après l’effondrement de la banque américaine Lehman Brothers, la réserve fédérale américaine avait mis en place une série d’accords d’échanges de devises avec quatorze banques centrales étrangères. Durant les années suivantes on a vu une utilisation plus fréquente de cet artifice financier: La banque centrale brésilienne a soutenu la Banque d’Argentine, la Suisse a soutenu en francs suisses la Hongrie, et la Banque de Suède a passé un accord d’échange avec l’institution d’émission estonienne. Une mesure de ce type entre la Tunisie et l’Algérie permettrait d’éviter un éventuel assèchement des réserves de changes tunisiennes.
La Tunisie pourrait, comme partenaire économique de l’Algérie et grâce ses atouts diplomatiques, jouer un rôle non négligeable, en mesure de désamorcer les tensions, parfois surjouées, entre les deux pays.
À des situations exceptionnelles, il faut des solutions innovantes. Si la Tunisie sombre au cours de la crise financière et économique qui l’attend,, l’impact sur l’Algérie serait dévastateur. Le choix semble clair et simple : soit la mise en place rapide d’un vrai partenariat bilatéral, dépassant les les obstacles bureaucratiques et les tergiversations politiques, ce qui est encore faisable, soit la faillite de l’Etat tunisien et l’ouverture d’un nouveau front d’instabilité à l’Est.
Le scandale des « déchets italiens » enfin résolu !
Il est temps de mettre en place „ un marché commun“ entre les deux pays dont la finalité serait une union politico-économique à long terme.
https://algerie54.dz/2022/10/20/maghrenb-edification/
Si un seul de ces projets voit le jour, ca pourrait contribuer de manière principale à sauver le navire Tunisien, qui est en train de couler