A couteaux tirés depuis plusieurs mois, le monarque marocain Mohammed VI et son premier ministre islamiste Abdelilah Benkirane multiplient les attaques l’un envers l’autre.
La colère royale contre le chef du gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane n’est plus un secret pour personne au Maroc. Malgré les dénégations frénétiques de Benkirane à ce propos, notamment suite au confidentiel apparu dans le magazine Jeune Afrique, rapportant la profonde exaspération de Mohammed VI face aux sorties de son chef de gouvernement, le discours du trône du 30 juillet dernier a été plein de piques contre le patron du PJD.
Yousoufi, le regretté
Mais, le plus éloquent c’est l’absence d’Abdelilah Benkirane lors de la cérémonie d’inauguration d’une avenue portant le nom d’Abderrahmane Youssoufi, leader historique de la gauche marocaine et premier ministre de Mohammed VI de 1999 à 2002. Cet hommage rare et appuyé de la part du monarque alaouite pour celui qui fût le premier ministre de la transition, a été interprété comme une critique adressée à Benkirane. Même après de longues années, le makhzen sait reconnaître les « grands commis de l’Etat ».
Abderrahmane Youssoufi a été éconduit après les élections législatives de 2002 alors que son parti l’USFP était pourtant arrivé premier du scrutin. A l’époque, c’est le technocrate Driss Jettou qui a été désigné par le roi pour diriger le gouvernement.