L’incapacité de la Libye à imaginer une riposte nationale à la présence de cellules de l’Etat Islamique (EI) met à mal la perspective d’élections le 10 décembre prochain imaginées par les accords de Paris de mai dernier
L’attentat kamikaze perpétré le 10 septembre contre la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) confirme la résurgence des cellules de l’Etat Islamique dans le pays près de deux ans après leur démantèlement à Syrte. En mai dernier, la branche locale de l’organisation d’Al-Baghdadi y avait déjà frappé le siège de la Haute Commission électorale (HCEN) en charge de l’organisation des premières élections législatives.
Ces deux assauts kamikazes successifs, au cœur de la capitale libyenne, témoignent de l’aggravation de la situation sécuritaire du pays. L’intensité des bombardements de la coalition contre Daech en Irak et en Syrie depuis 2017, combinée à la fermeture de la frontière turque, a favorisé le redéploiement des djihadistes, qui sont venus regonfler les résidus des cellules implantées en Libye.
Tripoli et Tobrouk, frères ennemis
Les raids aériens de l’Africom n’ont pas suffi à stopper l’avancée des éléments de l’EI en l’absence de toute stratégie nationale de lutte contre les groupes extrémistes obérée par les divisions persistantes entre Tripoli et Tobrouk. Les divergences entre les différents partenaires internationaux sur le calendrier des élections et sur l’avenir de la Libye ont attisé les rivalités entre milices locales, comme en témoignent les violents combats fin août autour de la capitale.
L’échéance du 10 décembre, prévue par les accords de Paris du 29 mai dernier pour la tenue d’un scrutin national, semble plus que jamais compromise. L’Italie s’y oppose fermement, jugeant que les conditions ne sont pas réunies. Un constat partagé par Washington et Londres. Le projet de loi électorale n’a toujours pas été adopté par le parlement de Tobrouk.
Vers un report des élections?
Mais Rome veut surtout reprendre la main sur un dossier d’importance stratégique pour ses intérêts énergétiques et sécuritaires. Le gouvernement italien a annoncé préparer une nouvelle rencontre, à l’image de celle de Paris, pour la mi-novembre en Sicile, avec pour objectif une nouvelle feuille de route qui repousserait la tenue des élections à juin 2019 au plus tôt.