Les villages arabes d’Israël terrorisés par les gangs

TEL AVIV, ISRAEL - AUGUST 06: Palestinian Israeli citizens and Israelis stage a protest march with coffins, against the government's indifference on the increase in crime rates amongst Palestinian Israeli citizens at Habima Square in Tel Aviv, Israel on August 06, 2023. Thousands of people gathered in white clothing representing the shroud to protest the rise in gun crime in Arab society and the murder of a total of 141 Palestinians since the beginning of the year. Mostafa Alkharouf / Anadolu Agency (Photo by Mostafa Alkharouf / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP)

Au moins 155 citoyens arabes sont morts cette année dans des violences largement attribuées au crime organisé. Plusieurs milliers de manifestants ont participé cet été à une « marche des morts »  à Tel-Aviv pour protester contre la recrudescence des meurtres, des extorsions et des enlèvements orchestrés par des gangs du crime organisé dans les villes et villages israéliens à majorité arabe

Nabil Hayek, 19 ans, footballeur arabe israélien prometteur, faisait la queue dans une boucherie de Sakhnin, une ville arabe de Galilée, quand les coups de feu ont éclaté. Frappé à la jambe, il a tenté de s’enfuir, Mais le tireur masqué l’a poursuivi, massacrant ses jambes à bout portant, brisant des os, écrasant des muscles et sectionnant des vaisseaux sanguins.

Nabil Hayek est l’une des victimes des gangs de prêteurs sur gages qui – aux côtés des trafiquants de drogue et des trafiquants d’armes – font régner la terreur dans la population arabe d’Israel. Tous les gens qui n’ont pas accès au crédit bancaire s’adressent à la mafia locale pour un prêt d’argent. Ils deviennent une cible s’ils ne peuvent rembourser. Au moins 155 citoyens arabes d’Israël ont été tués par d’autres citoyens arabes en  2023. La plus jeune victime de 2023 avait un an.

Les Arabes israéliens délaissés

De nombreux maires arabes se sentent délaissés et accusent les autorités israéliennes de prioriser la lutte contre la criminalité dans les zones juives au détriment des zones arabes.

Nombreux sont les Arabes qui accusent le gouvernement israélien de les délaisser. Mais les gangs punissent mortellement toute personne soupçonnée de coopérer avec la police. La peur des représailles et une méfiance structurelle des arabes israéliens envers les institutions d’Israel (police, justice, élus…) font que la population ne contribue guère à sa propre sécurité.

La plupart des cas de morts violentes dans la communauté arabe restent non résolus.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avait gelé les dotations précédemment destinées aux collectivités locales arabes de crainte que l’argent ne finisse entre les mains des réseaux criminels. Il vient d’être débloqué accompagné de mécanismes de contrôle.

« Si je divulgue des informations, peut-être que je serai la prochaine cible », a déclaré Imran Kinane, ancien maire de Yafa au New York Times. « Les Juifs paient des impôts et obtiennent la sécurité », a-t-il ajouté. « Nous achetons notre protection aux gangsters mais nous ne nous sentons vraiment pas en sécurité ici. »

La confiance dans les autorités est si faible que les gens paient maintenant des gangs criminels pour arbitrer les différends qu’ils ont avec d’autres gangs.