La société saoudienne qui rentre à coup de milliards de dollars dans une mondialisation apparemment heureuse reste un géant aux pieds d’argile
Le plus coûteux des nombreux saoudiens reste NEOM, la nouvelle ville surgissant dans un désert vide près de la mer Rouge pour un coût projeté de 500 milliards de dollars. NEOM, « ville intelligente » plantée en plein désert, aura 170 kilomètres de long et 200 mètres de large. Dans se cadre, « Oxagon », une ville flottante octogonale aura pour mission de « révolutionner la fabrication industrielle mondiale en créant un nouveau centre logistique qui redéfinira l’approche mondiale du développement industriel.
Al Ula, une oasis enchanteresse dans la province de Médine, est un autre projet pharaonique du gouvernement saoudien. Pour développer le tourisme, le gouvernement saoudien a entrepris de créer un parc naturel, touristique, archéologique et culturel d’une superficie équivalente à celle de la Belgique. Ce projet colossal inclut des infrastructures routières, ferroviaires et hôtelières et son cout estimé s’élèvera à au moins 100 milliards de dollars.
Nul ne peut manquer les publicités pour « le projet New Murabba » à Riyad. Ce cube noir géant couvrira 19 kilomètres carrés, contiendra 104 000 logements et générera 334000 emplois. Soit un milliard de dollars (1).
Un avenir hors hydrocarbures
La thèse qui sous-tend ces méga-projets repose sur l’idée – juste – que les ressources pétrolières qui ont fait la puissance des économies du Golfe vont aller s’épuisant. Le tourisme, la haute technologie, le sport, les services financiers pourraient aider les Etats arabes du Golfe à se construire un avenir économique hors hydrocarbures.
Ces infrastructures pour amorcer une révolution économique est une idée juste, mais « à la McKinsey ». Une solution apolitique pour un diagnostic apolitique de l’état de la société, un futur qui ressemble à des diagrammes.
Les Etats du Golfe sont fortement islamisée et pas du tout démocratiques. En d’autres termes, les liens tribaux qui sont le ciment de la société saoudienne, l’islam qui structure la vie quotidienne peuvent-il s’accommoder d’un futur qui a pour modèle… l’entrepreneur individuel californien?
Les valeurs familiales conservatrices en geeks californiens. Nous devinons déja les craquements d’une société saoudienne étroitement corsetée et minée en profondeur par une mondialisation des images, des modes de vie et des valeurs démocratiques.
(1) Ce gigantisme n’est pas propre à l’Arabie saoudite. Le Qatar vient de dépenser, selon certains, 230 milliards de dollars dans des projets liés à l’organisation de la Coupe du monde de l’année dernière , et les Émirats arabes unis se vantent de projets comme le Burj Khalifa et la Dubai Vertical City (une tour d’appartements flottante) et The Link (avec le plus grand bâtiment en porte-à-faux du monde ).